Lorsque vous écrivez à l'Archidiocèse de Sherbrooke, en
général, c'est moi qui reçois votre courriel. Des questions et des
commentaires, j'en reçois de toute sorte.
Depuis quelques temps, j'ai l'impression qu'un coup de pied
a été donné dans la fourmilière. Les commentaires de la population fusent de
toute part demandant l'Église d'agir. Que ce soit par courriel, téléphone ou
les médias sociaux, l'indignation de plusieurs à l'égard de la société atterrie
dans mon bureau.
Que l'on parle la crise du logement, de l'itinérance, de la
pauvreté, de l'immigration ou de la conservation du patrimoine, un lien commun
uni ces commentaires : on demande à l'Église de trouver des solutions.
En poste depuis maintenant cinq ans, je constate que pour
plusieurs l'Église n'est qu'une grande institution qui gère des bâtiments vides
et des messes. Peu y voient le travail acharné du personnel pastoral ou des
bénévoles qui oeuvrent à organiser des activités pour soutenir les besoins de
la communauté.
Même si elle se fait discrète dans ses bonnes actions,
l'Église est toujours présente et les gestes posés doivent éviter de nuire aux
organisations déjà en place. Nous visons plutôt à combler les besoins en agissant
en complémentarité avec les ressources existantes plutôt qu'en leur faisant
compétition.
L'Archidiocèse de Sherbrooke n'a pas l'expertise pour
démarrer une banque alimentaire, une maison d'accueil pour les itinérants ou
pour construire des logements sociaux. Notre capacité à rassembler fait
toutefois en sorte que nous réunissons de nombreux bénévoles bienveillants
prêts à mettre la main à la pâte pour l'élaboration de projets spéciaux.
En fait, c'est ça l'Église! C'est vous, c'est moi et c'est
des gens prêts à s'investir pour leur communauté. C'est un réseau de croyants
qui choisit de promouvoir les valeurs d'entraide, de partage, de charité et
d'amour véhiculées par la religion catholique en agissant directement auprès
des démunis.
L'Église, c'est ma collègue Véronique qui organise des
ateliers de couture pour femmes immigrantes. C'est Cécile, de la ferme de Val
d'Akor à Lawrenceville, qui accueille des jeunes marginalisés et qui leur offre
du travail. C'est aussi Jean-François, dans la paroisse
Bienheureuse-Marie-Léonie-Paradis de Sherbrooke, qui organise à Noël une
journée d'emballage de cadeaux pour les enfants démunis. C'est Sonia, à la
paroisse Saints-Apôtres de Coaticook, qui demande à la population d'allumer des
petites lanternes devant leur maison pour que ce symbole puisse donner espoir
aux gens.
Des exemples comme ceux-ci, je pourrais vous en donner
plusieurs.
En lisant les différents commentaires que je reçois, une
phrase me vient souvent à l'esprit. Celle que le président américain John F.
Kennedy avait lancé lors de son discours inaugural. Bien que j'en fasse ma
propre adaptation, le sens demeure le même : ne vous demandez pas ce que
l'Église peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour
l'Église.
Fort probable qu'au moment où les détracteurs
auront répondu à la question, ils trouveront l'Église beaucoup moins passive.