Pour cette chronique, j'ai pensé aborder un sujet qui touche particulièrement les parents qui ont de jeunes enfants.
En effet, quand la vie nous amène à connaître les joies de la maternité et de la paternité, on réalise souvent que ce n'est plus nous qui passons en premier.
Dès que ce magnifique rôle nous est confié, on veut surtout s'assurer que nos enfants ne manqueront de rien. Une des facettes dont on doit tenir compte est celle du développement global de notre enfant qui, s'il est effectué avec efficacité, aura des répercussions positives pour sa vie future.
Le développement de l'enfant et son processus neurologique
Un enfant qui bouge, parle, réfléchit, le fera grâce à son système nerveux. Durant l'enfance, le système nerveux d'un enfant se développe et mûrit, entre autres par l'amélioration de la communication entre ses différentes structures physiologiques. Chaque fonction du cerveau de l'enfant en développement lui permettra d'acquérir au fil du temps des comportements moteurs, cognitifs et socioaffectifs beaucoup plus élaborés et mieux adaptés aux exigences de son milieu environnant. Cette de cette façon que l'enfant se forgera une personnalité, une certaine autonomie et une identité qui lui est propre. Le développement neurologique représente donc la base du développement global de l'enfant.
Dès la naissance, l'enfant aura de 10 à 14 milliards de neurones qui auront besoin d'interagir entre eux afin que son développement moteur puisse s'opérer. Les synapses, qui permettent aux neurones de communiquer entre eux sous l'angle d'un influx nerveux ne sont pas fonctionnelle au départ, mais vont le devenir si l'organisme de l'enfant est stimulé. Fait à noter, les synapses des bras et des mains sont généralement développées plus tôt que celles des jambes, c'est la raison pour laquelle les tout-petits vont pouvoir saisir des objets bien avant de pouvoir marcher.
Les chemins de communication possibles entre les neurones étant très élevés, voire même infinis, certains « chemins » privilégiés vont donc se créer selon les expériences motrices vécues par l'enfant, d'où l'importance d'une stimulation précoce et régulière. En effet, l'organisme est bâti afin de créer un nombre trop élevé de connexions neuronales, ce qui donne des voies redondantes, c'est la raison pour laquelle l'âge de 2 ans est important, car c'est durant cette période qu'une sélection des voies les plus utilisées est effectuée selon les expériences motrices vécues par l'enfant. Pour qu'un enfant puisse stabiliser sa programmation motrice, il faudra qu'il ait vécu des stimulations répétées et variées qui lui permettront de mieux s'adapter face à la réalisation de ses actions. Même s'ils se poursuivront jusqu'à l'adolescence, le développement des chemins de communication permettant la conduction de l'influx nerveux sera pratiquement complet vers l'âge de 2 ans et seules les synapses stimulées seront conservées.
Ce qu'il faut retenir, c'est que pour son développement neurologique, l'enfant doit faire « rouler » son système nerveux. Le parent doit faire en sorte de stimuler ses fonctions sensorimotrices, cognitives et socioaffectives de façon constante et au bon moment. Un enfant manquant de stimulation risque de vivre des déficits neurologiques importants qui le suivront toute sa vie. Par exemple, un enfant qui ne vivra jamais d'expériences motrices comme courir, lancer, sauter, ramper ou n'importe quels autres gestes moteurs, aura beaucoup de difficulté à acquérir la fluidité nécessaire à poser ces gestes moteurs rendus à l'âge adulte, notamment parce que la période de 2 à 8 ans en est une critique dans son développement.
La phase critique de l'acquisition d'un comportement est la période durant laquelle le comportement peut être appris avec un maximum d'efficacité notamment, parce que les organes d'exécution et de contrôle de ce comportement ont atteint leur pleine maturité physiologique. Il est aussi important de noter que les stades d'apprentissage moteur suivent généralement une logique de développement qui se ressemble d'un enfant à l'autre. Ils sont donc universels et ordonnés, mais les enfants ne se développent pas tous au même rythme.
Par ailleurs, le cerveau étant très sensible à la stimulation environnementale, un enfant sera nettement avantagé s'il vit dans un milieu enrichi c'est-à-dire dans un endroit où il vivra non seulement des stimulations sous forme de jeux et d'activités motrices diversifiées, mais aussi des stimulations sous forme d'échanges avec d'autres enfants et d'autres adultes. Les contacts sociaux qu'il vivra seront à la fois stimulants aux niveaux neurologiques, mais aussi très bénéfiques pour son développement global.
Comme parents de jeunes enfants, nous croyons souvent à tort que notre enfant ne réagit pas à nos interactions (par exemple lorsque nous jouons avec lui), mais détrompez-vous, le cerveau poursuit son développement même si les signes extérieurs semblent absents. Il décodera des signes de routines forts importants comme la chaise haute qui indiquent le repas ou le brossage de dents qui signifie que la sieste approche. Il développera son côté cognitif, apprendra à faire des liens et développera des bases cognitives plus élaborées. Ces signes extérieurs absents sont décrits par Maurer et al. (2007) comme étant des signes « dormants ou souterrains ».
Fait à noter, des possibilités de décalage peuvent être constatées entre certains enfants, mais aussi entre certains domaines du développement de l'enfant lui-même. Par exemple, il n'est pas rare de voir des enfants marcher à 10, 11 ou 12 mois et d'autres marcher à 16 mois. Certains enfants auront aussi une évolution plus rapide d'un point de vue moteur, mais plus lent au niveau du langage.
Pour ma chronique du mois de novembre, je poursuivrai dans la même veine en vous parlant de l'importance du développement des habiletés motrices fondamentales tôt chez l'enfant et de ses bénéfices rendus à l'âge adulte. Elle intéressera tout particulièrement les parents actifs et sportifs qui aiment bien bouger avec leurs progénitures !
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