L'origine cosmique des éléments lourds demeure un aspect
scientifique où plusieurs questions sont encore sans réponses. Pour tenter d'élucider
les mystères de ce sujet, le gouvernement du Canada annonce un investissement
de 600 000 $ pour la création d'une nouvelle Chaire de recherche en
astrophysique multimessagers à l'Université Bishop's.
C'est la députée de Compton-Stanstead, Marie-Claude Bibeau,
qui a annoncé ce montant ce mardi matin à l'établissement d'étude
postsecondaire, événement également diffusé sur la page Facebook de
l'institution. Cet argent est versé dans le cadre du Programme des Chaires de
recherche du Canada et sera partagé sur une période de cinq années.
Par le fait même, l'Université Bishop's a officialisé
l'annonce de la nomination du Dr. John Ruan, professeur adjoint au Département
de physique et d'astronomie, à la chaire de recherche du Canada de niveau 2
en astrophysique multimessagers. Il s'agit donc d'une belle reconnaissance pour
ses travaux.
« L'ensemble du programme des chaires de recherche du Canada
est à l'origine de découvertes importantes dans les établissements canadiens.
Ottawa y attribue jusqu'à 295 millions de dollars par année afin d'attirer
et de retenir les chercheurs les plus accomplis et prometteurs du monde. Les travaux
du Docteur Ruan font rayonner non seulement l'Université Bishop's, mais
l'ensemble du milieu de la recherche au Canada », a indiqué la ministre de l'Agriculture
et de l'Agroalimentaire.
Depuis ce printemps, le gouvernement canadien a investi plus
de 125 millions de dollars dans le financement de 156 chaires de
recherche réparties dans 36 établissements au pays.
À la recherche de réponses
Le processus de création d'éléments lourds, tels l'Or et
l'Uranium, nécessite des environnements astrophysiques extrêmes introuvables
sur Terre, où les atomes sont capables de capturer les neutrons et de se
transformer en éléments plus lourds. Toutefois, en 2017, le déroulement d'une
création de ces matériaux a connu une percée avec la découverte de la première
fusion d'étoiles à neutrons. Celle-ci a notamment prouvé que la fusion de deux
étoiles à neutrons entraînerait des conditions produisant ce type d'éléments.
À cette époque, M. Ruan dirigeait les principales
observations au télescope de la première fusion d'étoiles à neutrons. Bien
qu'il y ait eu ces avancées, la science n'est toujours pas en mesure de
déterminer si ce phénomène peut être responsable de tous les éléments les plus
lourds de l'Univers.
« Avec mon équipe, j'utilise une combinaison de "messagers
cosmiques" que sont les ondes gravitationnelles et la lumière pour étudier
l'univers. Mon programme de recherche utilise les données de télescopes de
classe mondiale, ainsi que les récentes avancées en matière d'apprentissage
automatique et d'inférence statistique », explique M. Ruan.
Ainsi, avec ce financement, ajouté à celui du ministère de l'Économie
et de l'Innovation du Québec, le professeur de l'Université Bishop's met sur
pied le laboratoire d'accrétion gravitationnelle et d'astrophysique
multimessagers (GAMMA) afin de répondre aux questions « les plus fondamentales
de l'astrophysique ».
De plus, M. Ruan est actuellement à
l'avant-garde de nouveaux algorithmes à l'intersection de la statistique et de
l'apprentissage automatique, qui, espère-t-il, permettront de mieux comprendre
l'astrophysique des fusions d'étoiles à neutrons.