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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Prof et relâche

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(Pour alléger le texte, le mot enseignant désigne autant une femme qu'un homme)

« Toé, t'es ben! »

La phrase tombe. Invariablement. Et invariable dans les mots. En fait, la phrase tombe trois fois par année. Aux vacances de Noël, de la relâche et aux grandes vacances d'été.

« Toé, t'es ben! »

C'est la relâche qui commence.

Plusieurs images se bousculent dans ma petite tête quand j'essaie de mettre en perspective le rôle des enseignants.  

D'abord, les médias sociaux. On n'y parle presque jamais des enseignants. Mais des centaines de parents ont une propension incroyable à multiplier les photos et les exploits de leurs enfants. On travaille fort à les montrer, en gros plan, yeux rieurs. Même si le parent n'est pas sur la photo, on sent toute sa fierté dans l'image. Du renforcement positif, diront les uns. Les jeunes en ont tellement besoin. La création d'enfants-rois plaideront les autres. Qui a raison? Qui a tort? Sais pas. Qui suis-je pour porter un jugement sur ce qui se passe vraiment dans les chaumières?

Mais, faites un sondage : « Qu'est-ce que vous avez de plus précieux dans la vie? » La réponse unanime : « Les enfants ».

Et cela est juste et bon. 

Pourtant, combien de parents n'ont pas fait l'effort d'essayer de croiser, ne serait-ce qu'une fois, l'enseignant de leur enfant? Combien de parents ne se rendent pas aux rencontres prévues avec eux? « Si ça allait pas bien, ils me le diraient, me semble. Pis, si ça va bien, j'irai pas perdre mon temps là! »

Je pose le problème dans un autre sens.

Le professeur de votre enfant se retrouve un peu coincé. Il a besoin d'une voiture, un jour donné. Vous lui prêteriez la vôtre? « Ben là, non! Je le connais même pas! »

Ah, bon...

Le professeur est un autre humain. Avec des forces et des faiblesses. Cette chronique n'est pas un encensoir inconditionnel, nenon. Mais, quoi qu'on en dise, le professeur influence, jour après jour, les lendemains de leurs élèves. Parfois à toutes petites doses, parfois bien plus qu'ils ne le soupçonneront jamais. Je pourrais vous nommer des enseignants que j'ai eus et qui sont restés gravés dans ma mémoire. Ils seraient heureux de constater qu'ils n'ont pas vieilli d'un brin dans mon souvenir! Mais, un jour ou une année, ils ont dit ou fait quelque chose qui vient, aujourd'hui, influencer mes actions.

Quand j'ai l'occasion d'en croiser un, je lui en parle. Invariablement, ils ont tous les deux mêmes réactions : « Tu te souviens de moi? J'en suis heureux! » Puis, après un court récit de mes souvenirs, ils sont troublés de constater à quel point mon souvenir est précis. C'est ce qui fait la beauté de la chose : jamais ils ne posent des gestes en se disant : « J'espère qu'il va me dire, un jour, que ce que je dis ou fait est important. » Ceux dont je me souviens étaient trop authentiques pour cela.

Ces enseignants-là, surtout ceux du primaire et du secondaire, font face, jour après jour, à des jeunes qui sont en développement. Qui se cherchent en essayant des trucs. Des trucs qu'ils n'essaieraient pas à la maison. Une fois sur deux, ils arrivent, une semaine sur deux, d'une maison différente. Où ils vivent des dynamiques familiales différentes. Ils baignent dans un contexte où la performance règne. Soit ils ont à livrer une performance dans plusieurs disciplines connexes (pour être prêts à vivre dans notre monde moderne et y réussir), soit ils subissent la volonté de performer des parents qui sont souvent absents. Souvent, ils vivent les deux en même temps.

Devant eux, jour après jour, il y a cet enseignant. Il porte un bout de connaissance qu'il tente de leur transmettre. Au gré des humeurs des élèves, de leur apprentissage à la vie en société, de leurs forces et de leurs faiblesses, il navigue pour livrer, en bout de piste, une quantité de matières prescrites. Il livre aussi des valeurs, des principes. Il livre des messages, des fois sans trop le savoir. Il apprend aux jeunes à s'émerveiller. Il leur donne le goût d'apprendre. En tous les cas, il essaie.

Ce n'est pas si simple.

Et je ne vous parle pas des heures de préparation des cours, des trésors d'imagination déployés pour rendre un apprentissage plus digestible. Je ne dis rien sur les heures de correction à la maison. Et je ne parle pas du fait que l'enseignant est toujours sur ses gardes. S'il touche l'épaule d'un élève au passage, il peut se faire dire c'est une agression. Il y a des parents rapides sur la gâchette, vous savez!

Vous prêtez vos enfants à cet enseignant alors que vous ne le connaissez pas. Ou très peu. Mais n'allez pas croire qu'il s'en fout. N'allez pas croire qu'il fait ce métier-là pour les congés.

Je sais, il y en aura toujours pour dire : « Oui, mais le prof de mon fils, c'est un con. » Ben oui, je sais. Il y a des profs cons. Dans la même proportion qu'il y a des parents cons. Dans une classe, l'équation est simple, cela dit : il y a 60 parents (minimum...) pour un prof. L'enseignant est susceptible de subir pas mal plus la connerie humaine...

Chers enseignants, je ne vous condamne pas à la perfection. Ce serait de l'utopie. Mais je vous dis bonne semaine de relâche. Et je vous dirai, sans aucune jalousie, bon été quand celui-ci se pointera.

Je pense à ma famille et à mes enseignants et je me dis : « Moé, chus ben ! »

Clin d'œil de la semaine :

« Même si il est vieux, mon papa va encore à l'école! Maman dit qu'il voit sa maîtresse régulièrement! » 



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