Le besoin de main-d'œuvre en région est criant. Depuis quatre ans, le nombre de postes à combler à la Foire Diversité Emploi ne fait qu'augmenter. Même si le taux de chômage est l'un des plus bas en Estrie depuis 30 ans, les employeurs cherchent toutes les façons possibles pour attirer les travailleurs chez eux.
La Foire Diversité Emploi a vu sa quantité de postes affichés septupler depuis l'année dernière. En effet, le nombre d'emplois à combler est passé de 800 à 5 500 pour la 4e édition, qui aura lieu les 2 et 3 novembre au Centre de foires de Sherbrooke.
C'est donc un nombre record de kiosques (65) et d'exposants (80) qui seront présentés aux chercheurs d'emploi, que ce soit dans le domaine de la santé, de l'éducation, du service ou des Forces armées canadiennes. D'où la nécessité de quitter le centre Julien-Ducharme, même si des coûts supplémentaires devront être déboursés par la Foire. « Il fallait faire ça pour pouvoir offrir plus d'espace aux exposants », admet Mohamed Soulami, directeur général d'Actions interculturelles et responsable de l'événement.
Chaque année, de nouvelles entreprises se greffent à l'événement pour recruter des travailleurs. « Il y a un besoin criant de main-d'œuvre, souligne M. Soulami. Le taux de chômage en Estrie est rendu à 4 %, c'est le plus bas niveau que j'ai connu depuis 30 ans. Il y a un besoin important pour les employeurs qui cherchent toutes les façons pour recruter de la main-d'œuvre. »
Pour répondre à ce besoin, les employeurs se tournent de plus en plus vers la clientèle immigrante, les jeunes de 25 ans et moins ainsi que les personnes de 55 ans et plus. «Chaque année, on a de 25 à 30 % des gens qui ne font pas partie de cette clientèle, précise le directeur général d'Actions interculturelles. Il y a beaucoup plus d'employeurs qui commencent à s'ouvrir à la diversité. On ne peut pas dire que tous les employeurs sont ouverts, ce n'est pas encore réglé. Il y a encore du travail à faire.»
Vers de nouvelles initiatives
Pour attirer les travailleurs dans leur entreprise, les employeurs doivent trouver des initiatives qui les séduiront. C'est d'ailleurs ce qu'a réalisé le Groupe Cabico de Coaticook.
« On travaille à améliorer, développer et rechercher le talent dans l'organisation, indique Annick Boulanger, vice-présidente talent et culture du Groupe Cabico. Notre stratégie, c'est d'attirer les travailleurs. Comme employeur, il faut d'abord les attirer à venir chez nous, mais il faut trouver ces talents-là, qui sont une envie en ce moment pour une entreprise en croissance. C'est un grand défi. Chez Cabico, 25 % de notre main-d'œuvre a 55 ans et plus. Dans les prochaines années, ce sera encore un plus grand défi. »
« On offre des emplois de toutes sortes de profils. C'est accessible à beaucoup de gens. Malgré tout, on a vraiment de la difficulté à recruter. On participe à la Foire Diversité Emploi pour attirer cette main-d'œuvre chez nous. Depuis cet été, on a démarré une nouvelle initiative comme employeur pour attirer ces talents-là chez nous, soit un autobus qui fait cinq arrêts à Sherbrooke pour aller chercher les employés qui sont dans les quarts de soir. Étant à Coaticook, c'est un autre défi supplémentaire avec la distance. »
Le manque de main-d'œuvre au Canada s'explique entre autres par une croissance économique rapide inattendue et une arrivée tardive des immigrants au pays, comme l'explique Mohamed Soulami.
« Autant le gouvernement fédéral que provincial ont tardé à augmenter le nombre d'immigrants qui peuvent venir. Ce qui fait que la pénurie de main-d'œuvre est arrivée avant l'augmentation. Le gouvernement fédéral a augmenté le nombre d'immigrants pouvant venir au pays de 250 000 à 340 000. »
« Cette augmentation doit cependant être graduelle, remarque-t-il. Les employeurs s'arrachent la main-d'œuvre. Ce que je vois, c'est qu'on fait appel à tous les travailleurs, mais il n'y en a plus. Ce qui fait que les entreprises absorbent les travailleurs qui sont disponibles. Il y a une orientation chez les autochtones. Malheureusement, leur taux de chômage est élevé et celui des immigrants aussi. C'est pour ça que le gouvernement se tourne vers eux. »