L'entreprise sherbrookoise Énergie Solutions Air (ESA), qui a inauguré ce matin son usine de la rue Comtois, a développé au cours des dernières années un tout nouveau modèle d'échangeur d'air destiné aux producteurs avicoles et porcins. Cette technologie, qui réduit considérablement l'émission de gaz à effet de serre, est en train de se frayer un chemin à travers le Canada, et même aux États-Unis.
Il y a une dizaine d'années, les échangeurs d'air récupérateurs de chaleur étaient présents un peu partout, sauf dans l'industrie agroalimentaire parce que « l'environnement est super difficile et ardu, ce qui fait que ça bloque et gèle rapidement avec la glace », a expliqué le directeur général de l'entreprise, Gabriel Gagné-Marcotte.
« On voulait combattre ces conditions-là et adapter l'unité aux opérations de nos éleveurs, ici, au Québec et au Canada, a poursuivi le jeune homme issu de l'Université de Sherbrooke. Tout a débuté avec le chercheur scientifique Daniel Rousse en 2010. Comme toute startup, on s'est dit qu'on allait changer le monde. Tout ce qu'on avait à faire, c'était de prendre une technologie d'échangeur et de l'installer dans un bâtiment d'élevage. On a développé le produit pendant trois ans et commencé la commercialisation en 2016. »
La technologie ESA -1000 comporte trois modules qui se transportent à la main et s'installent dans la bâtisse en moins d'une heure avec l'aide de deux personnes.
«Elle est unique, a souligné M. Gagé-Marcotte. La technologie est axée sur le besoin des clients. On a aussi optimisé l'appareil de nettoyage et de distribution. L'échangeur possède un seul ventilateur bidirectionnel. On ne récupère pas seulement l'énergie du gaz à effet de serre, mais on récupère aussi la chaleur du poulet et l'énergie qui provient de la semence.»
Un seul appareil ESA -1000 permet d'éliminer l'équivalent de 2,5 voitures en GES, de réduire de 50 % les coûts de chauffage, de rehausser la qualité de l'air des animaux et du personnel et d'améliorer la santé des animaux. « On s'est rendu compte qu'il était temps qu'on innove avec nos clients, les éleveurs », a remarqué le directeur général.
Au moment d'écrire ces lignes, la technologie est utilisée notamment en Colombie-Britannique, au Québec, en Ontario et dans quelques états des États-Unis.
Une toute nouvelle usine
La nouvelle usine de 5 000 pieds carrés de l'entreprise ESA compte pour le moment sur huit employés à temps plein, mais devrait atteindre le nombre de 30 d'ici trois ans. « On est en pleine croissance », a confirmé M. Gagné-Marcotte.
Chaque jour, le nouvel emplacement permet d'éliminer deux tonnes de GES. À Sherbrooke, 25 unités sont produites par mois en ce moment. Dans un an, on estime que la production augmentera entre 100 et 200 unités mensuellement.
« Les ventes ont doublé tous les six mois pour la dernière période de douze mois cette année », a noté Gabriel Gagné-Marcotte.
C'est une somme de 2 M$ (1 M$ l'année dernière) qui a été investie jusqu'à maintenant pour assurer les activités de l'entreprise sherbrookoise et la commercialisation de son appareil. Notons que ESA loue un espace dans l'ancienne usine de Neptune Technologies & Bioressources, délaissée depuis un certain temps, tout comme les entreprises Oneka technologies et Entosystem.
ESA travaille avec ses employés sur un terrain de jeu qui est présentement l'Amérique du Nord, mais pourrait bien se frayer un chemin aussi à travers le monde. « C'est vers ça qu'on s'en va », a assuré le directeur général.