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Égypte : Au fil du Nil (D’Abu Simbel à Louxor)

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David Beaulieu Par David Beaulieu
Lundi le 11 janvier 2016

Dans ce magnifique pays nord-africain, presque tout est lié à l'artère vitale qu'est le Nil! La tradition veut que les vivants demeurent à l'est du fleuve et que les morts reposent à l'ouest. C'est ainsi que nous retrouvons les villes comme Le Caire, Louxor et Assouan d'un côté et les sépultures, comme les pyramides, les mastabas et la Vallée des Rois, de l'autre côté. Aujourd'hui, je vous emmène en balade au sud de cette contrée linéaire, soit entre Abu Simbel et Louxor, une région où la mince ligne de verdure sur ses rives constitue l'essence même de l'économie locale.

Je suis allé en Égypte seul, juste avant la Révolution arabe qui mena à la destitution de Moubarak. Aujourd'hui, les autorités égyptiennes sont conscientes que l'instabilité politique des dernières années a grandement nuit à l'industrie touristique, principal secteur économique du pays. De ce fait, elles font dorénavant des prouesses afin de sécuriser les sites d'intérêt et de rendre plus abordable leur accès. Déjà, lors de mon passage, certains citoyens commençaient à dénoncer plus ouvertement la répression policière dont ils faisaient l'objet. Plusieurs personnes firent valoir leurs droits haut et fort, dont un homme avec qui j'ai passé plusieurs heures à discuter, à prendre le thé et ... à servir les clients de son mini-dépanneur. Il m'avoua d'un air dénonciateur qu'il avait récemment été embarqué de force avec plusieurs autres pour être « interrogé » au poste, car ils étaient opposés aux façons de faire du régime. Après s'être fait rouer de coups, il cria ses droits et affronta verbalement les policiers qui le laissèrent filer dû à l'assiduité et à la vigueur de sa rhétorique légaliste. Lui et plusieurs autres citoyens commençaient à craindre la dureté du régime et cela explique en partie le mouvement d'exaspération populaire qui suivit quelques mois plus tard. Plus précisément, les policiers touristiques, vêtus de blanc, sont plus présents que les policiers réguliers. Ils ont comme mandat de protéger les étrangers contre les Égyptiens, souvent en interdisant même à ces derniers d'avoir une conversation avec les visiteurs. Le deux poids, deux mesures n'est qu'un des facteurs de rébellion...

Lorsque je suis arrivé à Assouan où se situe le grand barrage du même nom, je me suis trouvé un hôtel très abordable (13$/nuit) avec une grande chambre et de belles boiseries. J'ai visité cette petite ville deux jours durant, puis je me suis trouvé une place dans un convoi spécial qui part presque tous les matins, à des heures différentes pour être imprévisible, à destination d'Abu Simbel, à la frontière du Soudan. Dû à deux ou trois attaques de bus de luxe dans le passé, c'est dorénavant la seule façon de s'y rendre : en convoi de dizaines de véhicules, encadré par les militaires qui vont à plus de 130 km/h, et que les conducteurs doivent suivre de près.

Nous sommes arrivés aux temples en même temps que le soleil. C'était vraiment impressionnant de voir les entrées gardées par des pharaons et des déités surdimensionnés, sculptés dans la pierre. J'avais le choix d'y demeurer pour 24 heures et attendre le convoi du lendemain ou de repartir avec celui-ci, trois heures plus tard. Après avoir pris chaque minute pour faire le tour du site, je me suis dit que je n'avais pas besoin des 21 heures supplémentaires, et suis reparti vers Assouan.

En chemin, nous avons visité le fameux barrage du même nom, qui contribua à la création inévitable du lac Nasser. Une information primordiale qu'il faut connaître sur la genèse de ce réservoir est qu'avant son érection, dans les années '60, les temples d'Abu Simbel, construits il y a 3200 ans par Ramses II, étaient situés sur la rive même du Nil, donc dans la zone à submerger. Ce fut l'un des premiers sites d'envergure à être concrètement sauvés par l'UNESCO: ils les démontèrent pierre par pierre et les reconstruisirent plus haut sur une colline, qui allait devenir la nouvelle rive de ce plan d'eau artificiel. L'enjeu était de taille et les Égyptiens surent préserver leurs richesses culturelles tout en modernisant leur pays, car en plus de fournir l'électricité, cet ouvrage permis de ne plus être dépendants des crues du Nil et de gérer adéquatement l'alimentation en eau de cette contrée désertique.

Toujours sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés sur l'île de Philae où le beau temple d'Isis fut érigé, mais qui fut aussi un nôme de l'Égypte antique des plus typiques. Cette ville fut terminée par les Romains et quelques siècles plus tard, le temple de la déesse Isis fut converti en église copte. De ce fait, plusieurs bas-reliefs à l'effigie de dieux païens furent détruis et remplacés par des croix... Ce ne sont pas que les nouveaux fous d'Allah de l'État islamique qui ont voulu effacer les traces de croyances différentes des leurs. Nos ancêtres chrétiens n'y sont pas allés de main morte en Égypte... Les traces sont visibles dans toute la vallée.

Le reste de la semaine se déroula loin des rues et ruelles poussiéreuses. En effet, avec d'autres voyageurs rencontrés dans un petit café, nous avons loué une felouque pour trois jours et deux nuits. Le capitaine et son matelot étaient aimables et souriants. Ahmed nous fit descendre le Nil sur quelques dizaines de kilomètres jusqu'à Kôm Ombo, où un temple raffiné assez récent rend hommage à Horus L'Ancien. Ce sont cependant les bas-reliefs qui intriguent le plus : une scène d'accouchement, un calendrier en hiéroglyphes, des rangés d'instruments de chirurgie et une couleur bleue royale toujours visible sur les plafonds.

Durant les journées, nous voguions d'île en île afin de rencontrer les habitants, curieux et dynamiques, qui nous posaient toutes sortes de questions. Je me suis même baigné dans le fleuve! Selon notre capitaine, certains endroits sont plus sécuritaires que d'autres. Les soirs, nos hôtes sortaient leur attirail et nous dormions sur la felouque, accostés sur la rive ouest. Sur le bateau, nous échangions sur notre vie respective aux quatre coins du monde... Une Islandaise, un Égyptien, un Argentin et un Québécois: ça fait de belles conversations multilingues! Au début du petit périple, j'avais remarqué que certains drapeaux internationaux flottaient aux mats de plusieurs felouques. «Ce sont des présents de clients...», me raconta Ahmed. Je sortis donc un drapeau du Québec, que j'avais apporté dans le but d'en faire cadeau à quelqu'un, et le lui remis! Les yeux brillants, il me remercia et se mis à grimper très haut sur le mat. Il le fixa et redescendit avec un air fier... Il connaissait notre province de nom, mais c'était la première fois qu'il en voyait le drapeau. Aujourd'hui, c'est toujours agréable de savoir qu'on a une petite partie de nous qui navigue sur le Nil!

Notre balade sur l'eau s'acheva au temple d'Edfou, un vestige massif de la civilisation égyptienne très bien conservé, avec plusieurs salles, des bas-reliefs ainsi que des sculptures partout. L'étrange gardien du temple nous a fait visiter en insistant sur les représentations phalliques, très rares, dans les pièces les plus reculées... Puis, nous primes un petit van pour nous rendre à Louxor, plaque-tournante architecturale de la Haute-Égypte antique.

Bon voyage!


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