Une vaste enquête menée par l'organisme Éduc'alcool met en lumière les comportements des québécois en matière de consommation d'alcool, de drogues et de conduite avec les facultés affaiblies. La région de l'Estrie fait bonne figure en ce qui a trait aux excès de la consommation d'alcool, mais ne sont pas toujours bons élèves quand il s'agit de prendre le volant sous influence.
Éviter les excès
On apprend dans cette étude que les habitudes de consommation des Estriens sont similaires à celles des autres Québécois. Les résidents de l'Estrie sont beaucoup moins nombreux à considérer que leur consommation a un impact sur leur vie de famille, soit 2 % contre 6 % en province.
La moitié des répondants de la région affirme avoir consommé de manière excessive au moins une fois au cours de la dernière année par rapport à une moyenne de 55 % au Québec.
Et c'est 34 % d'entre eux qui disent avoir dépassé les limites recommandées une fois par mois ou plus souvent au cours de la dernière, ce qui est égal à la moyenne québécoise.
Conduite avec les facultés affaiblies
Là où les estriens sont en moins bonne posture est par rapport à la prise du volant suite à la consommation d'alcool. 58 % affirment avoir conduit après avoir consommé de l'alcool à l'intérieur de la limite permise (c. 51 % au Québec), alors que 9 % affirment avoir conduit un véhicule après avoir consommé au-delà de la limite permise alors que ce chiffre se situe à 8 % pour l'ensemble du Québec.
La fréquence de barrages policiers semble avoir une incidence sur ces statistiques, puisque les automobilistes en traversent beaucoup moins que dans les autres régions de la province. C'est environ 26% des québécois qui ont vu un de ces barrages, alors qu'en Estrie c'est le cas pour 21 % des automobilistes. Pour ce qui est d'en avoir traversé un, 16 % des estriens sondés ont répondu par la positive que la moyenne québécoise se situe à 21 %.
Comme ils ont la perception qu'ils ne se feront pas intercepter, les estriens semblent plus enclins à prendre le risque de conduire avec les facultés affaiblies. Près de la moitié (48%) des québécois croient probable de se faire intercepter par un barrage policier pour l'alcool au volant, alors que ce chiffre tombe à 46% en Estrie.
Consommation combinée de cannabis et d'alcool
Les Estriens sont plus nombreux à fumer du cannabis, mais moins nombreux que la moyenne à le mélanger avec l'alcool. 20 % des résidents de l'Estrie consomment du cannabis contre 18 % au Québec. Et 19 % de ces consommateurs (donc 3,8 % de la population estrienne) mélangent alcool et cannabis, ce qui est plus bas que la moyenne québécoise (24 %). Il s'agit de la première enquête révélant les pourcentages de consommateurs qui fument du cannabis en même temps qu'ils boivent de l'alcool. C'est une donnée tout à fait nouvelle et qui prouve sa pertinence depuis la légalisation de la substance au pays.
La précision accrue de cette étude, a été rendue possible grâce à l'utilisation d'une nouvelle méthodologie et un échantillonnage plus vaste pour chaque région du Québec. Pour le directeur général d'Éduc'alcool M. Hubert Sacy, qui a mandaté la firme CROP pour effectuer ce sondage, ces données attribuées à chacune des régions de la province, contribuent à mieux faire passer le message de sensibilisation. « Les gens veulent savoir comment ça se passe chez eux. Tu es plus souvent interpelé lorsque tu sens que ça s'applique à toi. Et ce n'est pas juste un chiffre; tu te voies quasiment toi-même là-dedans » explique-t-il. Une campagne publicitaire de l'organisme est d'ailleurs prévue pour adresser les enjeux du mélange alcool-cannabis à l'automne.
M. Sacy fait remarquer que le message doit être de plus en plus ciblé pour convaincre, et qu'à chaque année, le travail de son organisme doit corriger le tir pour atteindre les nouveaux consommateurs en âge de boire, fumer, et conduire.