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  CHRONIQUEURS / L'Agora

Douche écossaise

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Il n'y a pas si longtemps, le chef de la Coalition démocratique du Québec, François Legault, annonça la mort du Parti québécois affirmant que le parti fondé par René Lévesque ne formerait plus jamais de gouvernement. Une déclaration qui risque de le poursuivre jusque dans les livres d'histoire.

Jouer aux oracles en matière politique et surtout avec un contenu aussi explosif que le nationalisme québécois n'a jamais bien servi ses auteurs. Pierre Elliot Trudeau, l'un des nôtres qui fut un grand premier ministre du Canada, pourrait en témoigner, lui qui avait annoncé au lendemain des résultats du référendum de 1980, la mort du nationalisme québécois en disant que cette idée était morte et enterrée avec la défaite du PQ.

Ces jours-ci, la conjonction de la défaite crève-cœur du Parti québécois aux élections du printemps dernier et la tenue imminente du référendum sur l'indépendance de l'Écosse replonge le Québec dans la mémoire vive du nationalisme québécois. Incursion dans le monde de notre vulgate nationaliste...

Se rappeler...

Il faut dire que l'actualité est riche en souvenances nationalistes par les temps qui courent. Outre l'excellent documentaire de Carl Leblanc intitulé Nation - Huis clos que j'ai déjà commenté dans cette chronique, il y a le livre-événement de Chantal Hébert et de Jean Lapierre sur le référendum de 1995 : Confessions post-référendaires, celui du journaliste Guy Gendron sur Brian Mulroney, L'homme des beaux risques, qui faisait suite à une excellente série documentaire à Ici Radio-Canada de quatre heures sur cet autre grand premier ministre canadien. On peut boucler la boucle des souvenances avec l'essai du politologue Guy Laforest intitulé : Un Québec exilé dans la fédération. Essai d'histoire intellectuelle et de pensée politique parue aux Éditions Québec-Amérique.

Ces livres et réflexions arrivent à nous alors que le Parti Québécois est en phase de déni aigu sur sa défaite électorale et que l'on s'apprête à lancer une autre course à la direction pour remplacer Mme Marois avec pour toile de fond les débats sur le pourquoi du comment de la manière de faire la souveraineté et la tenue du référendum en Écosse où le Oui et le Non sont au coude-à-coude. Les ténors du Parti québécois n'ont pas l'intention de rater l'occasion de rappeler que les référendums ne sont pas aussi une mauvaise chose que les libéraux de Phillipe Couillard nous l'ont dit le printemps dernier et que le nationalisme est plus vivant que jamais. Après la version de la vulgate nationaliste victimaire, aurons-nous droit à la vulgate écossaise. Nous en sommes à quelques votes d'un Oui pour que l'Écosse devienne le pays ou la région la plus visitée par les membres du Parti québécois. Pourtant, l'Écosse est fort différente du Québec.

Nous et l'Écosse...

Le référendum qui se tient ces jours-ci en Écosse est fort différent de ce que nous avons connu au Québec et au Canada lors du référendum de 1995. La plus grande différence c'est que les protagonistes se sont entendus avant le début des hostilités sur la question et la validité de l'exercice démocratique en cours. L'autre différence marquante c'est le discours sur le pourquoi de la souveraineté. En Écosse, les questions identitaires sont absentes. Personne ne veut faire du kilt le symbole de la nation écossaise. Parlant de nation, le fait que l'Écosse en soit une ne pose aucun débat chez nos amis les Anglais contrairement à nos voisins du Canada quant à l'existence de la nation québécoise.

La plus grande différence est l'engouement des nouveaux arrivants et des jeunes pour la cause du Oui écossais. Il y a de quoi faire saliver nos tenants de la souveraineté du Québec qui eux, voit leur clientèle vieillir et qui sont encore aujourd'hui incapables de rallier à la cause du pays les nouveaux arrivants. Ces derniers sont pourtant choisis par le Québec depuis le début des années 1980 avec l'entente Cullen-Couture sur l'immigration des gouvernements Lévesque et Trudeau et renouvelée sous les gouvernements de Robert Bourassa et de Brian Mulroney par l'accord McDougall-Gagnon-Tremblay.

Un peu d'histoire écossaise

L'Écosse a aussi une économie forte grâce au pétrole de la mer du Nord et son histoire est fort différente de la nôtre puisqu'elle n'a jamais été conquise par les Anglais. Bien au contraire. Elle a plutôt accepté de former un royaume uni à la suite de la prise du royaume par Jacques VI. En 1603, le roi d'Écosse devient le roi à la fois d'Angleterre et d'Écosse, mais les deux nations souveraines continuent d'exister avec leurs Parlements. En 1707, les deux Parlements fusionnent, ce qui évite une concurrence coloniale entre l'Angleterre et l'Écosse.

L'Écosse n'a jamais été conquise et ses intellectuels ont joué un rôle majeur dans la diffusion de l'Europe des lumières avec David Hume et Adam Smith pour n'en nommer que deux. Qui plus est, l'Écosse n'a jamais considéré l'Angleterre comme une puissance coloniale. Pour nous, au Québec, l'Écosse c'est aussi de nombreux personnages plus grands que nature qui ont choisi de vivre parmi nous notamment James McGill qui fut le fondateur de l'Université qui fait toujours la fierté canadienne. En Écosse, il n'existe pas de vulgate nationaliste victimaire. Avec des parcours aussi différents, il serait mal avisé de confondre les histoires de nos deux nations même si c'est pour la promotion de la cause. Encore plus d'en créer une nouvelle vulgate écossaise...

Oui et non...

La querelle Écossaise des Oui et des Non replonge le Québec dans son psychodrame et dans ses vulgates entendues, la vulgate victimaire et la vulgate de la liberté. Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est une vulgate, disons que cela vient du latin vulgus pour foule ou peuple et qu'il s'agit de ce qui est rendu public et accessible au plus grand nombre. Un récit entendu quoi qui cherche à confiner la mémoire collective dans des sentiers convenus. Un concept rendu intelligible par l'historien français Pierre Laborie dans son ouvrage remarquable sur la France au temps de l'occupation allemande et traitant du phénomène de la résistance.

Si l'on tente chez nous d'instrumentaliser les résultats du référendum d'Écosse pour nourrir nos débats à la maison, on risque de créer une nouvelle vulgate parmi la population du Québec : celle de la douche écossaise...

Lectures recommandées :

Gendron, Guy, Brian Mulroney. L'homme aux beaux risques, Montréal, Québec Amérique et Ici Radio-Canada, 2014, 400 p.

Hébert, Chantal et Jean Lapierre, Confessions post-référendaires. Les acteurs politiques de 1995 et le scénario d'un oui, Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2014, 285 p.

 Laborie, Pierre, Le chagrin et le venin. La France sous l'occupation, mémoire et idées reçues, Paris, Bayard Éditions, 2011, 354 p.

Laforest, Guy avec Jean-Olivier Roy, Un Québec exilé dans la fédération. Essai d'histoire intellectuelle et de pensée politique, Coll : « Débats » Montréal, Québec-Amérique, 2014, 280 p.


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