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La guerre des voisins

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Photo : Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a agi de façon intelligente et responsable dans ses relations avec son voisin américain depuis l’élection de Donald Trump. - Daniel Nadeau
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 6 juin 2018

Le diable est aux vaches. L'ineffable président américain Donald Trump fait encore des siennes. En imposant la semaine dernière des tarifs sur l'acier et l'aluminium canadien, le président républicain vient de lancer un pavé dans sa propre mare.

Motivé par ses intérêts politiques partisans, Trump cherche à assurer la réélection d'une majorité de républicains au Congrès et au Sénat en novembre prochain. Il veut s'assurer qu'aucune majorité démocrate ne vienne manœuvrer pour lui faire perdre son poste de président en lien avec les multiples enquêtes menées par le procureur spécial Robert Mueller. Là, on comprend les motivations politiques de Trump, mais cela n'explique pas l'incroyable bordel dans lequel il plonge non seulement l'économie américaine, mais aussi les relations américaines avec ses principaux alliés politiques dans le monde. Tentative d'analyse de relations tendues entre les États-Unis et le Canada avec pour toile de fond la renégociation du traité de l'ALENA.

Commerce extérieur et américain

Contrairement à ce que peut nous laisser penser le discours de l'actuel président américain Donald Trump, une très forte majorité d'Américains sont favorables au libre-échange commercial. Un sondage Gallup réalisé au début de 2017 nous indique que 72 % des Américains voient le libre-échange comme une opportunité alors que seulement 23 % la considèrent comme une menace. In US, Record-High 72% See Foreign Trade as Opportunity.

Dans un livre récent publié chez The University of Chicago Press par le professeur universitaire, Douglas A. Irwin, intitulé Clashing over Commerce : A History of US Trade Policy, il est établi que depuis ses origines, la politique commerciale a été l'objet de controverses. Cela va de soi puisque de nombreux intérêts économiques régionaux s'opposent dans le processus politique des partis et de leurs élus. Néanmoins, il se dégage de cette étude fort intéressante d'Irwin que de tout temps les États-Unis ont été un pays qui a défendu le principe de l'ouverture des marchés, de l'abolition des barrières tarifaires et de l'établissement de traités en ces matières avec d'autres pays comme celui de l'ALENA avec le Mexique et le Canada. Ce fut la politique américaine, selon Irwin, des quatre-vingts dernières années.

Ce qui est fascinant actuellement, pouvons-nous en déduire de la lecture du livre d'Irwin, c'est que sous la présidence de Trump, c'est la première fois qu'un président fait preuve d'une politique aussi protectionniste, sans avoir subi de mouvements de pression de la part de certains secteurs industriels ou de chambres de commerce. Au contraire, c'est les représentants de la société civile américaine et des lobbys du monde de l'industrie qui s'opposent aux politiques protectionnistes de l'actuel président américain. Le consensus est qu'il est préférable de solutionner les litiges commerciaux et les problèmes de balance commerciale par la négociation de traités plutôt que par la mise en place de tarifs et de barrières tarifaires. Alors, comment expliquer les positions actuelles de Donald Trump?

Trump l'imprévisible

Chercher à comprendre les motivations politiques de Donald Trump ou encore pire essayer de prédire les prochains gestes politiques de ce président atypique est une mission impossible pour n'importe quel commentateur politique ou analyste économique. Cet homme est imprévisible, ses décisions et ses positions ne sont pas basées sur les intérêts des Américains, mais sur ses perceptions quant à ce qui est valable pour lui afin de marquer de points politiques et ainsi, conserver son pouvoir d'attraction sur sa base électorale. Point barre.

Un autre livre écrit par Douglas A. Irwin peut nous aider à mieux comprendre. Il s'agit de son livre intitulé : Free Trade Under Fire, publié en 2015 chez Princeton University Press. Dans cet ouvrage, Irwin nous explique qu'il existe un sentiment anti-libre-échange dans certaines populations aux États-Unis. Pour plusieurs, le traité de l'ALENA représente le symbole par excellence de la perte des bons emplois américains qui s'en vont au Mexique ou au Canada. Une sorte de cancer de l'économie américaine. C'est dans ce terreau fertile de sentiments hostiles envers le Mexique et le Canada, dans une proportion moindre, que Donald Trump a recruté sa base électorale particulièrement dans le rustbelt. Même si une guerre commerciale entre les États-Unis et ses principaux alliés aura des conséquences dramatiques pour les emplois et l'économie américaine, c'est la perception politique qui guide les gestes posés par Donald Trump.

Pendant ce temps, la renégociation de l'ALENA...

Tout cela se passe pendant que les négociations pour un nouveau traité de l'ALENA piétinent et que le Canada voit son économie, ses entreprises et les travailleurs canadiens pris en otage dans une valse politique américaine dont le GPS est totalement détraqué. Il est amusant de voir les déclarations des partis d'opposition à Ottawa blâmer le premier ministre Justin Trudeau pour son échec à négocier avec son voisin américain. Nous aimerions bien les y voir ces vaillants députés de l'opposition, tant conservateurs que néo-démocrates, naviguer dans ce tourbillon de décisions inconséquentes et incohérentes des États-Unis d'Amérique. Comment négocier avec un ami qui ne respecte aucune loi, aucun principe et qui tord la réalité en fonction de ses intérêts politiques du moment? Quelle attitude adopter face à une présidence américaine qui n'a rien à faire des intérêts de ses propres citoyens afin de renforcer une base électorale moutonnière et fidèle au pire président de toute l'histoire américaine?

Tous derrière Justin Trudeau

L'opinion publique canadienne doit être solidaire derrière son gouvernement. Le Canada doit, plus que jamais, resserrer les liens avec ses alliés européens et asiatiques afin de contrer les velléités protectionnistes de son ami et voisin américain. Il est nécessaire que tous les Canadiens fassent connaître aux Américains que nous sommes toujours leur ami, mais nous ne pouvons accepter que l'on foule aux pieds les règles élémentaires du commerce international ainsi que le fair-play nécessaire à toute relation d'amitié.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a agi de façon intelligente et responsable dans ses relations avec son voisin américain depuis l'élection de Donald Trump. Le gouvernement libéral a adopté la politique de la modération et de l'entregent malgré les multiples sautes d'humeur et les bifurcations politiques de Donald Trump. Le temps est cependant venu de faire preuve de fermeté et de ne pas hésiter à prendre tous les moyens dans cette guerre entre voisins. Les mesures annoncées la semaine dernière par Justin Trudeau et par sa ministre Chrystia Freeland sont nécessaires pour faire entendre raison à ce mauvais voisin qui a oublié que nous sommes les amis et les alliés des États-Unis d'Amérique. Cette fois, il nous faut gagner la guerre des voisins...


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