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  CHRONIQUEURS / L'Agora

L’arbre qui cache la forêt

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On a eu droit ces derniers jours à un concert de gros mots autour de l'enjeu des emplois et de l'exploitation de nos forêts. Le maire de Saguenay, Jean Tremblay, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère en accusant l'organisation écologique Greenpeace de « terrorisme économique » dans le dossier de Résolu et du respect de la norme FSC pour « Forest Stedwardship Council ».

La forêt publique québécoise est sous pression. L'exploitation forestière intensive a pour principale conséquence de menacer son renouvellement et celui des espèces animales qui y vivent comme le caribou forestier. En même temps, les emplois se font rares dans les industries de la forêt et les gens des régions sont inquiets de leur avenir et de leurs emplois. Le gouvernement du Québec qui se fait une gloriole de ne pas intervenir dans l'économie n'aide pas vraiment la situation en coupant dans les régions notamment les organismes de développement qui seraient susceptibles de contribuer à concerter les acteurs dans un pareil dossier.

Quant à la compagnie Résolu, elle ne vise qu'à faire des profits et fait preuve d'une timidité excessive dans sa volonté de s'acquitter honorablement de ses responsabilités sociales. Sans parler des Premières nations qui s'opposent à l'exploitation de territoires situés sur des terres leur permettant de pratiquer les activités liées à leur mode de vie. Contexte explosif qui mène à tous les abus et révèle nos contradictions avec pour toile de fond la disparition d'emplois bien rémunérés dans une région-ressource du Québec : le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Autopsie de nos contradictions.

Abus de langage

Il faut noter d'entrée de jeu que les abus de langage sont présents dans ce dossier. D'abord, le maire de Saguenay qui assimile Greenpeace à des terroristes, expression reprise par son collègue le maire d'Alma, Marc Asselin, sur les ondes d'Ici Radio-Canada. Assimiler les militants de Greenpeace à des terroristes économiques au moment où le parlement du Canada s'apprête à voter une loi, la loi C-51, qui vise à combattre et à prévenir les gestes terroristes n'est pas sans conséquence. Cela signifie-t-il que pour résoudre un problème potentiel de perte d'emplois au Saguenay, les élus locaux n'hésiteraient pas à faire emprisonner les gens de Greenpeace?

Que reproche-t-on au juste aux gens de Greenpeace? On reproche aux gens de Greenpeace de défendre le respect d'une norme internationale agréée par les représentants de l'industrie (Tembec, Kruger), des nations autochtones ainsi que de groupes environnementaux. Pourtant cette norme est utilisée par les fabricants de produits forestiers pour vendre leurs produits partout sur les marchés mondiaux. Pourquoi les fabricants sont-ils fiers de l'utiliser sur leurs produits comme publicité? Simple. Les consommateurs que nous sommes exigent que les produits que l'on nous vend soient conçus dans le respect de l'environnement et selon les principes du développement durable.

Clairement, le qualificatif de terrorisme économique à l'endroit de Greenpeace est un abus de langage. Greenpeace apparaît plutôt comme un bouc émissaire dans cette affaire. Les vrais responsables de la situation sont la compagnie Résolu qui ne vise qu'à fructifier ses profits à même nos richesses collectives et le gouvernement du Québec qui a failli à ses responsabilités.

Les responsabilités de nos gouvernements

Nos gouvernements sont largement responsables des problèmes d'emploi dans nos régions et surtout de l'absence de politiques manufacturière et forestière dignes du 21e siècle. Le Gouvernement du Canada a montré un empressement sans pareil pour sauver l'industrie automobile de l'Ontario lors de la crise financière de 2008. Il n'a pas eu le même empressement pour aider l'industrie forestière qui vit une grave crise depuis plus de 10 ans.

Pourtant, les débouchés et les marchés pour l'industrie forestière sont de plus en plus menacés par la nouvelle économie numérique. Ce n'est pas d'hier que l'on parle de la disparition des journaux imprimés. Chez nous en Estrie, la compagnie Kruger qui fournissait le papier pour de grands journaux américains en a subi les contrecoups. Bientôt, notre quotidien régional La Tribune du groupe Power Corporation ne sera plus publié sur papier ou à tout le moins pas tous les jours. N'avez-vous pas lu que la Ville de Sherbrooke s'enorgueillissait d'être un conseil de ville sans papiers?

Qu'ont fait nos gouvernements pour aider les régions du Québec à se doter d'une stratégie de développement économique susceptible de leur permettre de s'adapter à l'économie du 21e siècle? Qu'ont fait nos gouvernements pour aider nos produits forestiers à se vendre sur les marchés étrangers? Qu'ont fait nos gouvernements pour protéger nos ressources forestières dans le cadre d'une philosophie de développement durable?

Un mauvais film

Les réponses à ces questions ne sont pas grand-chose. Nous sommes les acteurs involontaires d'un mauvais film dans lequel ce sont les travailleurs et les régions qui sont les victimes alors que les autres acteurs, les gouvernements, les entreprises privées en sont les têtes d'affiche et prennent un soin jaloux à préserver leur image.

Les gouvernements adoptent des lois avec des préambules ronflants du langage que l'on veut entendre. La Loi sur l'aménagement durable des forêts adoptée en 2010 en est un bel exemple. De grands principes, mais peu d'actions concrètes. Il faut lire la série d'articles, dans Le Journal de Montréal de notre poète national Richard Desjardins pour en prendre la pleine mesure. Au-delà des mots, on fait peu de choses pour protéger le plus beau joyau de l'Abitibi, Kanasuta, contre les pouvoirs conjugués des industries minières et forestières.

Les gouvernements signent des traités de libre-échange et créent des marchés globalisés et on s'étonne de devoir adapter nos économies à des normes internationales qui ne conviennent pas toujours à nos marchés locaux. Nos gouvernements se targuent de respecter le droit des premières nations dans des déclarations solennelles, mais leurs bottines ne suivent pas leurs babines. À titre de consommateur et de citoyen, nous nous gargarisons de notre adhésion à une économie durable, mais refusons de payer plus cher pour des produits de qualité, ce qui revient à dire que nous aussi sommes coupables de renier nos principes par nos actions.

Le problème de Résolu et des emplois

La dernière chose que nous devons accepter c'est d'accepter le discours des méchants terroristes écologistes et d'accepter la rhétorique « Nous et Eux » en assimilant celles et ceux qui nous demandent d'être cohérents à des terroristes. Nous devons aussi trouver comme nul et non avenue le discours opposant les emplois aux caribous forestiers. Il y a une autre politique possible : assurer le maintien des emplois et la vitalité économique de nos régions dans le respect et la protection de notre biodiversité en mettant à l'ouvrage les principaux acteurs pour trouver une solution dans un dialogue où nous tous refuserons que l'arbre nous cache la forêt...



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