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Mezzanines: quand les profs n'y comprennent rien

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Photo : Les images sont tirées de la page Facebook de Yves Nadon.
Elizabeth Nadeau Par Elizabeth Nadeau
enadeau@estrieplus.com
Jeudi le 23 juin 2016

17 mezzanines de lecture seront retirées d'autant de classes de niveau primaire de la région de Sherbrooke le 27 juin prochain. Ils étaient une douzaine d'enseignants concernés à s'être rassemblés mercredi pour dénoncer la perte d'un outil de travail important et la décision de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS) de démolir les mezzanines tant appréciées des élèves.

Ces mezzanines avaient été introduites dans les classes par l'enseignant Yves Nadon, aujourd'hui à la retraite. Deux avaient même été approuvées par la CSRS.

« Ce qu'on a fini par comprendre, c'est que la CSRS disait oui aux constructions tout en sachant qu'elles causeraient des problèmes plus tard. Ce « oui » n'était pas officiel. Le responsable des ressources matérielles a depuis changé et le nouveau a poussé plus loin les vérifications. La Régie du bâtiment a dit finalement statué que les mezzanines n'étaient pas règlementaires », affirme David Bessette, enseignant de sixième année à l'école primaire Notre-Dame-du-Rosaire, tout près du Mont-Bellevue.

L'enseignant perdra sa mezzanine, tout comme sa collègue Mélanie Philibert, qui enseigne en cinquième année. Aux yeux des deux enseignants, les mezzanines n'offrent que des avantages.

« La Régie du bâtiment n'a pas l'expertise nécessaire pour déterminer ce qui favorise les apprentissages », affirmait M. Nadon à l'occasion d'une conférence de presse mercredi soir. Supporté par plusieurs de ses collègues, Yves Nadon a lancé un ultime cri du cœur en espérant atteindre le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx.

Problème réglé, problème recréé
À l'école Notre-Dame-du-Rosaire, où Yves Nadon a lui-même enseigné 27 années durant, les mezzanines permettaient de régler un des problèmes les plus criants de l'établissement : le manque d'espace.

« J'ai demandé à ce que je puisse conserver mon escalier, qui me donne beaucoup de rangement, mais je ne me fait pas trop d'espoirs », espère David Bessette.

Selon l'enseignante, outre cet avantage déjà considérable, la mezzanine offrait de la couleur au milieu de vie qu'est une classe durant l'année scolaire.

« Lorsque l'on a reçu l'avis de démolition, la commission scolaire a voulu être fine et donner des idées pour créer un coin lecture dans nos classe. Mais ils ne comprennent pas que nous n'avons tout simplement pas assez d'espace pour le faire! Nous en sommes rendus à considérer retirer nos bureaux des classe pour nous permettre de gagner un peu d'espace pour aménager quelque chose d'autre », affirme Mélanie.

La dynamique de groupe a profondément été changée par l'introduction des mezzanines et la gestion de classe est devenue plus facile.

« J'avais un coin travail qui pouvait accueillir dix élèves en même temps et qui me permettait de donner une leçon à un groupe considérablement réduit, vice et versa », explique l'enseignante, dont la classe compte 25 élèves.

Cinq classes affectées à Jardins-des-Lacs
À l'école primaire de Saint-Denis-de-Brompton, cinq mezzanines ont été construites au fil des ans. Enseignante de maternelle, Nathalie Gouin représente bien l'incompréhension de ses collègues. Construite au mois d'août 2015, sa mezzanine est utilisée pour les ateliers d'écriture et de lecture.

« Ma classe compte 21 élèves de maternelle et la construction permettait de libérer le plancher du bas. Ceux qui voulaient être plus tranquilles pour faire leurs exercices ou qui avaient besoin de se retirer dans leur petit cocon pouvaient le faire. J'avais sept élèves en permanence sur la mezzanine », explique-t-elle.

L'endroit en était un de confort, meublé d'un petit divan et de coussins. Juchée à environ cinq pieds du sol, le cocon offrait du calme et un espace moins bruyant. Pour descendre, la glissade permet aux enfants d'arriver sur des tapis d'éducation physique.

« Pour des enfants, le simple fait de monter était stimulant. Pour nous, c'est banal, mais pour eux, c'est magique! Les enfants aiment les petits coins parce que ça stimule leur intérêt et on leur permet d'entrer dans leur petit monde. »

Un père dévoué a construit la mezzanine de la classe de Nathalie Gouin. Il a teint le bois qui a servi à la construction et s'est trouvé un commanditaire pour le bois et les vis. Devant l'avis de démolition, ce père a voulu offrir à l'école de descendre la mezzanine au niveau du plancher.

« On nous interdit de le faire en prétextant que la construction est faite de bois et inflammable : mais tout le mobilier de l'école est en bois! Le papa nous a ensuite offert de prendre les matériaux et de construire autre chose, comme des bancs, mais encore une fois, interdiction de toucher à quoi ce que soit. Je ne peux pas conserver le petit cocon doté de barreaux sécuritaires au niveau du plancher, et pourtant, j'aurais le droit d'avoir dans ma classe un lit à deux étages, beaucoup moins sécuritaire. C'est à rien n'y comprendre! », déplore l'enseignante.

La décision de la CSRS pourrait faire boule de neige puisque des mezzanines ont été construites dans plusieurs écoles partout au Québec.

Une pétition réclamant une intervention du ministre de l'Éducation pour un changement des normes de la Régie du bâtiment et qui légaliserait la présence des mezzanines dans les classes a été mise en ligne mercredi soir.


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