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  VOYAGES GASTRONOMIE / Découvrir le monde

Empire du milieu : la Chine (partie 1 de 3 : Le Yunnan)

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David Beaulieu Par David Beaulieu
Lundi le 19 octobre 2015

Pays le plus populeux de la planète, mais aussi le plus polluant. Contrée officiellement communiste, mais hébergeant une grande portion des plus richissimes du globe, tandis que la majorité de leurs camarades peinent à gagner leur maigre pitance dans des conditions de travail frôlant l'esclavage. Nation qui expose ses multiples exploits technologiques, architecturaux, commerciaux et militaires, mais qui est pointée du doigt par l'ensemble de la communauté internationale pour les exactions commises face à ses minorités culturelles, ainsi que pour son non-respect des droits de l'Homme en général. Cet empire du milieu, dont le caractère mandarin (voir le symbole ci-haut) représente si bien l'idée ethnocentriste, est rempli de paradoxes et peut facilement repousser un voyageur qui recherche un ailleurs disons... plus reposant. Cependant, il vaut tellement la peine d'y faire une incursion! J'y suis allé deux fois, dont l'une durant presque deux mois, ce qui m'a permis d'observer 4 Chines différentes : les zones frontalières très contrôlées et militarisées; la campagne, plus pauvre, traditionnelle et agricole; les riches villes côtières post-industrielles très développées; les régions industrielles extrêmement polluées, situées un peu plus loin des côtes, à l'intérieur des terres. En voyageant d'une de ces régions à une autre, on a l'impression de changer de pays.

Lorsque je suis arrivé en Chine avec mon ami Yannick, ce fut par avion, en provenance du Népal. Nous avons donc eu une superbe vue sur l'Himalaya et sur l'immense plateau du Tibet en transitant par Lhassa pour atteindre Chengdu dans le Sichuan. C'était la manière la moins dispendieuse d'entrer au pays compte tenu de notre point de départ. Nous voulions rester au Tibet, mais, puisque c'était le 
50e anniversaire de la fuite du Dalaï-Lama, les autorités chinoises craignaient des manifestations de toutes sortes et une médiatisation encore plus dérangeante de leurs actions assimilatrices en terres tibétaines. Ils ont tout simplement fermé ce territoire pour un mois... celui durant lequel nous y étions! Nous avons donc changé un peu nos plans et, après avoir visité quelques centres d'intérêt de Chengdu, nous avons pris l'autobus pour le Yunnan. Cette région est magnifique! Rien n'y manque : la culture, l'architecture, la nature, les montagnes... C'est du Yunnan que je garde mes plus beaux souvenirs de la Chine.

La vieille ville de Lijiang

Située dans le Nord-Est du Yunnan, cette cité, en plein cœur de la route de la soie, est chargée d'histoire et classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. J'y suis demeuré
3 jours, hébergé dans une demeure traditionnelle, transformée en auberge, en plein cœur de la vieille ville. Malgré le nombre croissant de touristes qui visitent cet endroit pittoresque, ce dernier n'en demeure pas moins mystifiant : imaginez-vous dans un film historique chinois où les protagonistes se poursuivent à travers les petites ruelles étroites pavées de pierres de rivière et entrecoupées de ruisseaux et de canaux. Les échafauds de bambou, les boutiques d'objets en terre cuite ou de médecine alternative, les vendeurs ambulants, les corniches traditionnelles sur chaque bâtiment, les milliers de lanternes chinoises la nuit, les murailles et les portes médiévales de briques grises, les boiseries savamment sculptées, ainsi que des moulins à eau, qui ajoutent au charme certain de Lijiang. De plus, lorsqu'on voit cette ville d'une certaine hauteur, on ne peut se défaire de l'image surréelle des toitures en terre cuite grisâtre qui s'étendent sur plus d'un kilomètre carré, laissant régulièrement entrevoir des cours intérieures, très utiles aux habitants qui désirent un peu d'intimité ou aux commerçants et restaurateurs soucieux d'offrir une ambiance empreinte d'authenticité. Déambuler dans ces rues et s'arrêter où bon nous semble afin d'admirer, de discuter ou de marchander, est une activité en soi.

À moins d'un kilomètre, au pied du mont Éléphant, se trouve le Parc National du Bassin du Dragon Noir. Un bel étang bien entretenu, entouré de sentiers qui permettent d'admirer des pagodes, le temple du dieu Dragon, un beau pont de marbre blanc, ainsi que le lac de Jade lui-même. Le tout sur un fond de montagnes enneigées... À ne pas manquer!

La Gorge du Saut du Tigre

Non loin de là, se trouvent les gorges les plus profondes au monde (selon la Chine) et je n'ai pas de difficulté à le croire. Yannick et moi avons fait la randonnée sur les versants à-pics de celles-ci durant 2 jours... Nous nous sommes ajoutés beaucoup de travail en dérogeant des sentiers battus afin de nous amuser un peu plus dans les montagnes, mais cela en a valu la peine pour les paysages époustouflants auxquels nous avons eu accès. Il devait faire près de 22 degrés près de la rivière, au fond de la gorge, tandis que nous pouvions admirer les neiges éternelles seulement en levant la tête. En nous arrêtant dans un hébergement chez l'habitant, nous avons eu la chance de discuter avec d'autres voyageurs, dont Idit, une Israélienne à l'esprit très ouvert, avec qui nous avons eu de bonnes conversations politiques autour d'un thé, d'une bonne soupe et d'un repas de viande de yack : plat traditionnel du peuple naxi. Elle m'a même invité chez elle à Jérusalem, et c'est justement là que je me suis posé lors de mon périple de l'année suivante (voir ma 3e chronique sur « Il faut le vivre pour comprendre: Israël et Palestine »).

Shangri-la (Zhongdian)

Zhongdian fut baptisée
« Shangri-La » par le gouvernement chinois dans le but d'attirer plus de visiteurs dans ce pôle culturel incomparable. Ce nom évoque la société parfaite, perdue dans les montagnes, tirée du roman de James Hilton, « Lost horizon ». J'ai vraiment été enchanté par cette bourgade de quelques 100 000 habitants (très petite pour la Chine), située sur le plateau tibétain, à la frontière du Myanmar et du Tibet. Ici, nous ne nous sentons plus vraiment en Chine, outre les boutiques de fourrures très achalandées du centre, on y retrouve une atmosphère plus détendue et un rythme plus lent, qui caractérisent généralement les peuples des montagnes. Il y a des moines bouddhistes tibétains, rasés et vêtus de rouge vin, qui circulent dans les rues, allant d'un temple à une école monastique ou demandant l'aumône aux passants et aux commerçants. Il y a un immense moulin à prières doré, de 12 mètres de haut, qui peut être vu de presque partout en ville. Des temples ici et là, des tours, des rues pavées de roches arrondies par l'eau, de bons restos et les montagnes tout autour! Un peu en retrait de l'activité urbaine, il y a le petit Potala ainsi que le magnifique monastère de Sumtseling qui surplombe un beau lac en altitude, entouré de stupas blanchis à la peinture de chaux. Les moines nous laissent visiter et assister à la plupart des cérémonies... Une excellente façon de se ressourcer au son envoûtant du « Aum » (Om), universellement chanté.

Je vous invite à découvrir le Yunnan, terre remplie de richesses culturelles sur les flancs du plateau tibétain...

Bon voyage,

David Beaulieu


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