La Chaudronnée de l'Estrie se voit dans l'obligation de mettre fin au service de repas la fin de semaine en raison de contraintes budgétaires. Ce dimanche 22 février, sera le dernier diner offert aux personnes dans le besoin.
Depuis 2 ans, la Chaudronnée sert des repas la fin de semaine dans le cadre d'un projet pilote subventionné par le Plan d'action gouvernemental pour la solidarité et l'inclusion sociale (PAGSIS). Or le financement obtenu pour ce projet n'est pas à la hauteur des demandes d'aide et l'organisme a appris que la subvention ne serait pas renouvelée.
« Nous avons pu offrir des repas la fin de semaine grâce à cette subvention, et ce, même si elle ne couvrait pas l'ensemble des frais. Ça fait deux ans que l'on porte ce projet à bout de bras. Désormais, nous ne pouvons plus maintenir le service dans ces conditions », déplore le coordonnateur de la Chaudronnée de l'Estrie, François Lemieux.
61 000 repas servis en 2013
Il y a près de 200 repas par jour qui sont servis à la Chaudronnée de l'Estrie. À la fin du mois, l'organisme reçoit plus de 200 personnes la fin de semaine, affirme M. Lemieux.
À savoir s'il y a une hausse d'achalandage à la Chaudronnée, le coordonnateur répond à l'affirmative : « La hausse des demandes à la Chaudronnée est constante depuis la dernière décennie. En 2000-2001, 21 000 repas ont été servis, alors qu'en 2013-2014, ce sont 61 000 repas qui ont été offerts aux personnes dans le besoin », relate-t-il.
Le service de repas de fin de semaine, qui comprend deux intervenants et deux cuisiniers coûte environ 80 000 $ par année.
« La pauvreté ne se vit pas du lundi au vendredi »
« Ça fait des années qu'on a comme plan d'action d'offrir des repas la fin de semaine parce que ça n'a pas de bon sens d'offrir des repas seulement la semaine. La pauvreté ne se vit pas seulement du lundi au vendredi », lance-t-il.
Les repas chauds sont évidemment importants particulièrement lorsqu'on traverse des vagues de froid, comme en ce moment. François Lemieux explique que le service de repas doit être également perçu comme un milieu de vie, un endroit d'échange et de dialogues, un lieu d'accueil et un moyen efficace de briser l'isolement des personnes.
Les conséquences de la fin du service de repas les fins de semaines sont préoccupantes : « Avant d'ouvrir le service les fins de semaine, on voyait bien que le lundi les intervenants devaient faire beaucoup d'intervention auprès de gens qui avaient juste besoin de parler parce qu'ils avaient passé la fin de semaine seule », soutient le coordonnateur.
C'est l'ensemble des ressources de la région qui subira les contrecoups de cette fermeture : « Ces personnes vont errer en ville, ils iront probablement chercher de l'aide dans les CLSC. Les travailleurs de rue vont devoir faire face à des gens qui n'ont pas mangé depuis vendredi midi. Il y aura des répercussions sur plusieurs autres organismes, notamment sur Moisson Estrie, qui arrive à peine à répondre à la demande. »
Les personnes qui visitent l'organisme sont périodiquement averties que le service de repas les fins de semaine sera bientôt aboli. Les réactions sont mitigées : « Il y a des personnes qui disent qu'ils s'adapteront à la situation. Alors que d'autres sont inquiets parce qu'ils ne savent pas comment ils parviendront à se nourrir la fin de semaine. Pour d'autres, cette nouvelle est dramatique. Ils craignent de se retrouver seuls », témoigne M. Lemieux.
Les services de la Chaudronnée de l'Estrie menacés
C'est l'ensemble des services offerts par l'organisme qui sont affectés par les contraintes budgétaires. « Il nous faut de l'argent. Les demandes d'aide sont en hausse constante, mais nos subventions ne sont quasi jamais indexées », mentionne M. Lemieux.
« La non-récurrence, la trop faible ou non indexation et même la diminution de certaines sources de financement n'arrivent pas à compenser pour la hausse constante des demandes d'aide, la hausse du coût de la vie », constate-t-il.
Pour l'instant, les autres services de la Chaudronnée de l'Estrie sont maintenus, assure M. Lemieux. « Si l'on a pris la décision d'arrêter le service de fin de semaine, c'est pour assurer le service de repas la semaine ».
L'organisme invite les citoyens à faire des dons (par chèque ou en personne) à l'organisme. Les dons en nourriture sont également souhaités, soit à la Chaudronnée de l'Estrie ou encore à Moisson Estrie.