Quelques jours après que le syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke ait demandé la démission de la directrice générale, Marie-France Bélanger, la direction de l'établissement a voulu rétablir et préciser certains faits. Elle donne d'ailleurs tout son appui à la directrice générale.
« Hier soir (jeudi), le conseil d'administration a tenu une assemblée extraordinaire et les membres ont réaffirmé leur appui à la directrice du Cégep, a indiqué d'emblée dans un point de presse Julie Banville, présidente du conseil d'administration du Cégep de Sherbrooke. Mme Bélanger a toujours eu notre entière confiance et elle l'a encore aujourd'hui. Elle n'a ménagé aucun effort pour défendre l'établissement pour lequel elle travaille depuis plus de trente ans. Elle n'hésite pas à rencontrer les gens, tant les membres de la communauté collégiale que de l'externe, afin d'expliquer les enjeux et la réalité du Cégep. »
Lundi dernier, les membres du Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke ont voté en faveur d'une résolution qui réclame la démission ou le licenciement de la directrice générale Marie-France Bélanger, en poste depuis plus de trente ans. Le syndicat soutient que ses membres n'ont plus confiance en Mme Bélanger, en ce qui a trait entre autres au système de financement.
Le directeur des études au Cégep de Sherbrooke, Éric Gagné, déplore les propos tenus publiquement par le syndicat concernant les coupures qui auraient un impact direct sur l'enseignement.
« Contrairement à ce qui a été véhiculé dans certains médias, aucune coupe ou diminution des ressources allouées à l'enseignement en classe n'a été effectuée, ce qui signifie que les services pédagogiques offerts aux étudiantes et aux étudiants ne seront nullement affectés. En fait, ce qui est survenu, c'est une répartition plus équitable des ressources allouées à la coordination départementale. Les postes que nous avons dû couper relèvent du personnel de soutien, du personnel professionnel et du personnel cadre. Les affectations des enseignants n'ont pas du tout été touchées. »
Les habitudes des étudiants changent
M. Gagné indique que le projet de répartition a été un exercice très délicat cette année, en raison de la surembauche accumulée, mais aussi parce que le nombre d'étudiants est à la baisse. Rappelons qu'en 2016, dans le contexte des compressions budgétaires, le Cégep a dû déposer, à la demande du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, un plan de redressement visant à la fois à rembourser sa dette accumulée et à résorber la surembauche, sur une période maximale de cinq ans.
Mais qu'est-ce qui cause cette problématique de la surembauche chaque année au Cégep de Sherbrooke?
« Les salaires du personnel enseignant sont financés par le biais d'une enveloppe budgétaire fermée et ce qui est dépensé en trop doit être remboursé l'année suivante, à même cette enveloppe, comme cela est prévu dans la convention collective, explique M. Gagné. Ces montants sont déterminés selon le nombre d'étudiants que nous accueillons. Ainsi, nous devons embaucher en fonction d'une estimation du nombre d'étudiants qui pourraient être admis l'automne suivant, mais il est très difficile d'estimer le nombre d'étudiants attendus. »
Aussi, au cours des dernières années, le comportement des étudiants a beaucoup changé, explique le directeur des études.
« Ils ne sont plus aussi nombreux qu'avant à déposer une demande d'admission au premier tour (qui se termine le 1er mars de chaque année). Ils attendent parfois même le deuxième tour pour s'inscrire une première fois dans un programme. De plus, plusieurs prennent moins de cours dans leur programme afin d'alléger leurs études, et d'autres quittent avant le recensement. Ces situations nouvelles auxquelles nous faisons face ont complexifié la problématique de la surembauche et on ajoute à ça la baisse démographique. »
Ce que propose la direction du Cégep pour réduire la surembauche? « Nous proposons de rembourser la surembauche sur deux ans en attribuant huit équivalant à temps complet, répond M. Gagné. Mais ce que le syndicat des enseignants demande, c'est de creuser volontairement la surembauche, donc la dette, pour faire la démonstration au gouvernement que le calcule désavantage le Cégep. On ne peut adhérer à une telle stratégie dans un contexte de saine gestion des fonds publics. »
Une demande inacceptable, selon la direction
La directrice du Cégep, Marie-France Bélanger, n'était pas présente ce matin au point de presse. « Elle est très affectée par la situation, précise Julie Banville. Mme Bélanger est toujours au Cégep, elle n'a pas quitté ses fonctions, mais elle limite ses apparitions publiques pour le moment. Elle a reçu au cours des derniers jours des messages de soutien de la part du personnel, des étudiants et des partenaires externes. »
Le directeur des études a tenu à indiquer qu'il trouvait inacceptable la demande du syndicat qui exige le départ de la directrice générale Marie-France Boulanger.
« C'est une réaction clairement et totalement démesurée et injustifiée. Avec les nombreux appuis que la directrice générale a reçu du personnel, nous sommes confiants que le climat reviendra à la normale dans les prochains jours », conclu M. Gagné.