Le budget du Québec 2021-2022 du ministre des Finances Eric
Girard a suscité son lot de réactions. Une de celles-ci provient des organismes
communautaires qui se disent déçus d'avoir été mis aux oubliettes.
En Estrie, le Regroupement des organismes communautaires
(ROC) de la région a exposé son indignation soulignant notamment qu'ils sont au
front depuis plus d'un an malgré un sous-financement chronique qu'ils dénoncent
depuis au moins 20 ans.
« On avait espoir lors de deux dernières années avec des
financements respectifs de 30 et 40 millions et une certaine structure
établie que notre situation allait s'améliorer. Mais cette année, le chat sort de
son sac et la CAQ nous arrive avec ce budget qui est une insulte pour nous »,
lance Claudelle Cyr, directrice du ROC Estrie.
« On se sent littéralement instrumentalisé et ce sentiment
s'exacerbe d'année en année. On tente de nous "avaler" au sein du système
alors que nous permettons d'offrir une réponse différente de celle de l'État »,
ajoute-t-elle.
Dans son budget, le ministre Girard accorde dix millions au
Programme de soutien financier (PSOC). Divisés à parts égales cela représentera
3300 $ par organisme, montant insuffisant selon les différentes
organisations qui ne seront pas en mesure d'obtenir un financement adéquat pour
venir en aide aux gens dans le besoin. Mme Cyr souhaite également rappeler
que le ROC Estrie englobe diverses organisations qui, depuis un an, sont de
plus en plus populaires.
« Le dernier budget ne démontre qu'une chose : nous
sommes devant un gouvernement complètement déconnecté de la réalité terrain qui
n'est assurément pas au service des communautés qui façonnent le Québec »,
s'indigne-t-elle.
Pas seulement en Estrie
Cette insatisfaction n'est pas unique qu'en Estrie. Les
organismes communautaires souhaitent obtenir une réelle reconnaissance du
gouvernement du Québec. En temps de crise, ils répondent présents depuis le
début de ces temps plus difficiles pour la population. Pour ces organismes,
cette situation a également contribué à montrer les faiblesses du filet social
québécois.
« Ce n'est pas seulement en Estrie qu'il y a de la grogne,
mais bien dans toute la province du Québec. Le sous-financement des organismes
communautaires est connu depuis toujours et on espérait avoir une certaine aide
de la part du gouvernement surtout que, depuis un an, on se fait dire que l'on est
si important », souligne Claudelle Cyr.
De plus, selon ses dires, le secteur communautaire comprend
un manque de 375 millions au sein du territoire québécois afin d'être en
mesure d'aider les gens qui en ont besoin. Elle rappelle également que 63 des 70 millions
annoncés comme fonds d'urgence au mois d'août dernier par le ministre délégué à
la Santé et aux Services sociaux du Québec, Lionel Carmant, sont demeurés dans
les coffres du gouvernement.
Ce que les organismes souhaitent est un « vrai » plan de
rehaussement de leur financement afin que celui-ci soit adéquat. Cependant, le
Plan d'action gouvernemental en action communautaire (PAGAC) dont ceux-ci
attendaient avec impatience sera repoussé d'une autre année.
« On est indigné. On ne va pas le faire tout de suite en
raison des mesures sanitaires, mais c'est certain qu'on va se mobiliser »,
conclut la directrice du ROC Estrie.