Vivre de son art n'est jamais chose facile. En plus d'avoir à se faire remarquer pour arriver à survivre dans un milieu où il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus, les artistes visuels doivent constamment se préoccuper d'avoir l'espace nécessaire à leur pratique.
Les coûts d'opération et le stress que cela engendre en emmène plusieurs à quitter leur région pour les grands centres, ou à carrément délaisser le statut d'artiste pour se tourner vers une autre profession. La disponibilité de locaux pose également problème à une époque où les promoteurs semblent vouloir transformer chaque espace vacant en condo pour retraités.
L'opportunité était trop belle pour Anne-Marie Auclair et Christine Morissette, toutes deux artistes-peintres, lorsqu'elles ont reçu l'appui du propriétaire de la bâtisse, pour donner une vocation artistique à l'entièreté des lieux. Malgré leur engagement très prenant envers l'organisation de La Grande Virée artistique, à titre de présidente et de vice-présidente, les deux amies ont choisi de croire en ce vieux rêve commun, et mis ce projet d'atelier en marche.
« Le défi pour les artistes est de trouver un espace où est-ce qu'ils peuvent faire leurs créations, mais qui ne leur coûte pas les yeux de la tête. Souvent c'est une passion, mais la majorité (des artistes) ne vit pas de ça. C'est vraiment minime la proportion qui arrive à vivre de leur art. Ici c'est facile d'accès (stationnement gratuit), l'espace est aménagé pour les besoins des artistes; c'est super grand, en plus d'être abordable », fait remarquer Christine Morissette. Les deux partenaires veulent aussi appliquer le principe d'espace de travail partagé (coworking) au modèle d'affaires. L'endroit représente d'ailleurs une alternative intéressante aux locaux de la Fabrique du Centre-ville de Sherbrooke, dont on vient d'annoncer la fermeture.
L'Atelier St-Joseph dispose de plusieurs pièces de dimensions variées et d'équipements de soutien technique (un monte-charge, une porte de garage) pour faciliter le travail et le déplacement d'objets et de matériel de toutes sortes.
« Certains artistes préfèrent des ateliers collectifs et toute l'effervescence qui vient avec, tandis que d'autres aiment mieux être dans leur bulle et créer dans une pièce fermée. Nous serons en mesure de leur offrir les deux ! », ajoute Anne-Marie Auclair. Avec des plafonds très hauts, une luminosité sans pareil, l'atelier est sûr de faire le bonheur d'artistes de toutes disciplines; sculpteurs, peintres, photographes, ou artistes visuels.
Depuis plusieurs mois, les deux complices travaillent d'arrache- pied à attirer partenaires et artistes pour en faire un lieu effervescent et accueillant, propice à la création. Elles ne manquent pas d'ambition pour l'aménagement des lieux. Dans un avenir rapproché, les deux entrepreneurs désirent y voir s'installer un café ou une boutique-cadeau, développer une salle multifonctionnelle, une galerie pour exposer, et mille autres possibilités. Comme à l'époque de son inauguration, l'ancien théâtre, cinéma et lieu de rassemblement nommé le ‘'Hall à Lambert'', invoquant celui qui l'a construit, Anne-Marie Auclair et Christine Morissette veulent que la population de Bromptonville se réapproprie l'endroit. « On veut que cet endroit-là redevienne ce qu'il était à la base quand il a été construit en 1905; un lieu de rassemblement. C'était un endroit où les gens se rassemblaient pour des fêtes. On veut que ça redevienne un lieu communautaire.»
L'Atelier St-Joseph est donc à la recherche d'artistes intéressés à s'installer dans des locaux spécialement revampés pour leur pratique, mais aussi d'entrepreneurs qui auraient des idées audacieuses pour ajouter à l'offre de service.