Avec l'arrivée du coronavirus, les organismes communautaires, dont les banques alimentaires, ont vu plusieurs de leurs projets de levées de fonds et autres activités philanthropiques, être repoussées voir, annulées.
Moisson Estrie n'échappe pas à cette tendance, en plus d'avoir à ajuster ses pratiques pour la réception des denrées, et de revoir le déploiement de son personnel. Un véritable casse-tête compte tenu qu'une importante partie des bénévoles ont choisi de rester à la maison. Les opérations sont maintenant complètement orientées vers la collecte et la distribution de denrées.
Les défis s'accumulent pour la directrice générale de Moisson Estrie, Geneviève Côté, elle-même confinée à la maison, puisque de retour d'un voyage à l'étranger. « On a pas le choix de s'adapter avec la réalité des gens. Il y a une grande anxiété, il y a une grande peur parce qu'il y a beaucoup de contacts, donc on a eu à ajuster nos opérations. » Certains employés ont dû se résigner à rester chez eux pour des causes de santé, d'autres parce qu'ils n'avaient pas de gardienne disponible pour veiller sur les enfants.
À cet effet, Mme Côté explique faire des démarches auprès des instances gouvernementales pour que Moisson Estrie soit reconnue comme un service essentiel. Cette reconnaissance permettrait aux employés d'avoir accès à des services de garde, et ainsi se libérer pour venir porter main forte à leurs collègues. Cela pourrait aussi donner la chance à l'organisme d'obtenir quelques ressources supplémentaires en main d'œuvre spécialisée en relation d'aide.
L'autre répercussion de cette crise est que la récupération des dons offerts par le public devient plus complexe, compte tenu des enjeux de santé et de sécurités soulevés par les employés qui doivent en faire la manipulation. C'est pourquoi qu'à partir de la semaine prochaine, les dépannages en libre-service seront remplacés par des boîtes préparées d'avance par le personnel, évitant ainsi au minimum la circulation dans le magasin et les locaux de l'organisme. Les dons pourront être déposés dans une boîte prévue à cette effet à l'extérieur du bâtiment.
Il n'empêche que les besoins demeurent importants en cette période plus creuse pour les banques alimentaires. Les réserves reçues au temps des Fêtes sont écoulées et on remarque toujours une baisse des dons de denrées à cette période-ci de l'année. Geneviève Côté s'inquiète de voir la demande, déjà élevée à Sherbrooke, augmenter au fil des semaines, si cette crise persiste. « En temps normal c'est déjà une période difficile au niveau des denrées non-périssables. Avec cette réalité-là, on va avoir du mal à faire face. »
Comme les annonces des différents paliers de gouvernement se multiplient, Moisson Estrie espère que des sommes supplémentaires seront allouées aux services tournés vers les plus démunis. La SAQ, partenaire des banques alimentaires du Québec vient d'ailleurs d'annoncer un don additionnel de 1M$ pour les aider à faire un bout de chemin.
Mme Côté salue également des initiatives citoyennes ; elle donne en exemple l'apparition d'une page Facebook pour mettre sur pieds une liste exhaustive de restaurants offrant des repas dits ‘'prêts-à-manger'' pour que les gens puissent s'y référer et que ceux qui en ont les moyens achètent des «repas en attente» que Moisson Estrie pourra redistribuer à des gens qui dans le besoin. « Il y a une belle solidarité quand même dans la tête et dans le cœur de bien des gens parce qu'on a un bel appui », se réjouit-elle.
Pour les gens qui ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer pour offrir des dons en mains propres (!), les dons en ligne sont plus que jamais sollicités.
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