Ma mère, qui porte le prénom d'une fleur, Marguerite, a toujours aimé les fleurs et les travaux de jardinage. Lorsque j'étais adolescent, il m'arrivait souvent d'aider ma mère dans ses travaux d'horticulture. Avec le recul, je réalise que c'était un moment privilégié avec celle-ci. Ma mère était une fine pédagogue à sa façon, elle utilisait ces périodes pour me faire réfléchir sur la vie en général.
Il faut dire qu'à une certaine période de mon adolescence, j'étais en rupture (comme bien des ados) avec l'autorité parentale, mais peu importe les situations conflictuelles que j'éprouvais parfois avec mes parents, jamais je n'aurais pu refuser quelque chose à ma mère...Et elle le savait!
Je me souviens d'une journée où maman commença les travaux en me montrant la beauté d'un type de fleurs, mais aussi m'expliquer toute leur fragilité. Elle profitait de l'exemple pour établir le parallèle entre l'amour pour celles-ci et la façon que l'on doit se comporter pour les protéger et les faire croitre. Je comprenais que je devais éviter les brusqueries afin de ne pas blesser ceux que j'aime.
Quand on enlève les mauvaises herbes dans la rocaille, elle m'expliquait que le chiendent c'est comme les ennuis dans la vie, il est plus facile de les éliminer au fur et à mesure que de réagir après l'envahissement. Les mauvaises herbes ne survivent que si tu les laisses se reproduire.
C'est également lors de la période des semences des différentes graines qui donnent plus tard l'abondante récolte de légumes de notre jardin que ma mère m'entretenait sur le mérite du travail et des efforts constants. Maman mettait toujours de l'importance sur la notion que chaque jour suffit sa peine et que le labeur régulier donne toujours de très bons résultats.
Je me souviens de l'émerveillement que ma mère avait face aux différentes facettes de la nature. Chaque saison était source de contemplation, mais aussi de besogne comme si la quiétude de l'esprit s'acquérait seulement après l'expiation du corps dans l'action.
La plus belle leçon de vie qu'elle m'a léguée est la suivante; maman m'expliqua que l'enfant est comme une plante, pour bien grandir ça prend une terre riche et de bons soins. Pour aider la jeune tige à pousser bien droite on lui offre un tuteur jusqu'à sa maturité afin que la plante devienne assez forte pour se tenir seule debout face aux éléments qui l'entourent. Mais le point culminant de son enseignement fut de me faire comprendre qu'une plante, comme un humain, a besoin de chaleur, de doux rayons de soleil, mais aussi de nuages noirs annonçant la pluie afin de permettre aux racines de la plante de s'abreuver et ainsi grandir.
Ma mère, cette grande philosophe qui s'ignore, venait tour à tour me tracer, par ses exemples, la genèse de la vie, le rôle du parent face à son enfant et l'attitude que l'adulte doit posséder pour affronter les défis de la vie ...Tout cela en arrachant le