Détecté à Sherbrooke pour une première fois l'automne dernier, l'agrile du frêne prend du terrain ici, mais aussi partout en Amérique du Nord. Dans le but de ne pas propager davantage cet insecte exotique qui détruit les nombreux frênes qui se trouvent partout alentour de nous, il est important de ne pas transporter son bois de camping lors des déplacements pendant les vacances.
« Il faut acheter et brûler local », lance d'emblée Robert Lavallée, chercheur scientifique au Centre de foresterie des Laurentides. La présence de l'agrile du frêne a été confirmée pour la première fois à Sherbrooke en novembre dernier. Cet insecte qui prend rapidement du terrain se nourrit des nombreux frênes, une sorte d'arbre qu'on retrouve partout en Amérique du Nord, tant dans les villes que dans les campagnes.
L'agrile du frêne fait particulièrement de dommages au cours de cette période de l'année. En été, l'insecte femelle pond ses œufs et propage du même coup la problématique. En plus de l'insecte, il y a les larves qu'on retrouve sur les arbres affectés, qui se développeront l'année suivante.
S'il n'est pas dangereux pour l'humain, l'agrile du frêne fait énormément de dommage à ces arbres qui apportent plusieurs bienfaits à l'humain, à la nature, et même à l'économie, puisque plusieurs objets sont fabriqués avec ce bois, dont les bâtons de baseball.
« En milieu urbain, les arbres apportent énormément de bienfaits aux humains, que ce soit pour améliorer la qualité de l'air, apporter de la fraicheur et réguler les précipitations. À mon point de vue, les arbres font un peu partie des infrastructures des villes, commente M. Lavallée. Par contre, c'est un impact difficile à évaluer, tant en ce qui a trait aux facteurs écologiques qu'aux facteurs économiques. Il y a l'utilisation du frêne pour la fabrication de matériaux, comme des manches de pelles et de marteaux, des bâtons de baseball et des planchers. Le frêne est un bois très dur et résistant. En raison des problématiques comme l'agrile du frêne, il y a de plus en plus de réglementations concernant la vente de bois à l'extérieur de zones précises. »
Même si l'agrile adulte peut voler, on présume que c'est le facteur humain qui aide l'agrile du frêne à prendre du terrain. Depuis son apparition en Amérique du Nord, en 2002, cet insecte ne cesse de se multiplier et se retrouve dans de plus en plus d'endroits, tant au Vermont qu'à Toronto, en passant par Montréal, Sherbrooke, Drummondville, Québec et même le Nouveau-Brunswick.
« Le transport du bois devient une source de dispersion. Par exemple, si on décide de couper le bois d'arbres mourants dans notre cour pour l'amener avec nous lors d'un voyage en camping dans une autre région; si l'arbre est touché par l'agrile du frêne, il se dispersera encore davantage. »
Quelques signes pour reconnaitre un arbre touché par l'agrile du frêne : des trous bien précis dans le tronc, ainsi que le jaunissement et la perte des feuilles supérieures. Le pic-bois est aussi un bon indicateur de la présence de l'agrile du frêne, puisqu'il se nourrit de cet insecte.
L'objectif des chercheurs; freiner sa propagation. « L'agrile est le pire insecte exotique que le Québec n'a jamais connu, particulièrement parce qu'il est difficile à détecter, souligne M. Lavallée. Au Centre de foresterie, nous travaillons sur des moyens de détection et de lutte contre l'agrile. Nous avons entre autres découvert à Cookshire, en Estrie, un champignon qui permet de tuer l'insecte en cinq jours. C'est très efficace et ça permet de ralentir sa propagation. »