On a beau dire que cette pandémie est l'occasion de revoir notre mode de vie et notre rapport à l'environnement, il suffit de regarder un peu autours de soi pour remarquer les nombreux détritus qui jonchent le sol et les terre-pleins routiers.
La Grande corvée printanière des cours d'eau qu'effectue Action Saint-François à chaque week-end de la belle saison, n'aura probablement pas la même ampleur que les années précédentes. L'organisme planche sur différentes options pour tenir ses activités estivales tout en respectant les consignes de la santé publique.
Comme il s'agit d'une activité se tenant à l'extérieur, la tenue du nettoyage des berges des rivières dans la région ne pose pas trop de défis logistiques selon M. Robert Léo Gendron, directeur général d'Action Saint-François. « On attend une réponse de la ville (de Sherbrooke) pour reprendre. Je leur ai écrit pour leur dire que nous on va faire telle démarche, on va procéder de telle façon. De toute façon lors de nos activités, on n'est pas physiquement proches les uns des autres. »
Dès que le feu vert sera donné, il sera possible de réserver sa place à l'avance pour participer aux corvées de nettoyage. On prévoit d'accepter une dizaine de bénévoles à la fois, qui seront déployés de façon à appliquer la distanciation physique et à faciliter leur supervision. Les informations à ce sujet seront régulièrement mises à jour sur la page Facebook de l'organisme, qui invite la population à proposer des sites ou les berges de cours d'eau qui auraient besoin d'un grand nettoyage. On espère pouvoir organiser la première corvée dès le début du mois de juin.
L'autre aspect du travail d'Action Saint-François est ses services de consultation et de plantation de végétaux, dans le but de remettre à l'état naturel la rive des propriétaires riverains sherbrookois. Le règlement de la Ville de Sherbrooke exige que les rives artificialisées soient remises à l'état naturel. Pour ce faire, la réglementation oblige la plantation d'arbres et d'arbustes. Le service demeure accessible, tout en appliquant les mesures sanitaires qui s'imposent.
Pour ce qui est des effets de cette pandémie sur l'environnement, M. Gendron se réjouit de voir à quel point la nature est capable de résilience. « C'est constaté à travers le monde qu'il y a des bienfaits à ce ralentissement. C'est impressionnant de savoir qu'en deux mois la nature est super forte pour reprendre l'équilibre! Ici à Sherbrooke c'est plus difficile de constater ça, à moins d'être plongeur dans les cours d'eau. »
Robert Léo Gendron voit là aussi la preuve que l'action humaine est au cœur de l'accélération des changements climatiques, et déplore qu'un événement d'une ampleur mondiale soit nécessaire pour le démontrer. « C'est dommage que ça prennent une situation dramatique et extrême pour s'arrêter un peu. On produit, on est dans l'action. Ça bouge beaucoup mais on ne s'en rend pas compte parce qu'on est toujours dedans. Ça fait quand même prendre conscience de la quantité d'actions et d'activités que les humains font; du bruit que ça occasionne, de la poussière que ça déplace, et des déchets qui sont produits. »
L'écologiste croit également qu'il est tout à fait possible de changer les façons d'agir, de produire et de travailler pour améliorer notre empreinte écologique, sans avoir à tout sacrifier. Il dit remarquer un changement dans l'attitude des gens, qui semblent un peu plus apprécier les moments passés à l'extérieur, la lenteur, et le contact avec la nature. Malgré la reprise graduelle de l'activité économique, le directeur d'Action Saint-François espère que le lien établit entre protection de l'environnement et protection de la santé humaine va demeurer à l'esprit des gens et des décideurs pour la suite des choses. « D'une certaine façon je suis content. Je ne suis pas content qu'il y ait des morts, mais qu'il y ait eu un choc. Il faut nous choquer pour qu'on agisse et qu'on s'ouvre les yeux. Parce que sinon, on va juste continuer à faire des folies », conclut-il.
site internet: asf-estrie.org
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