Au sortir de la soirée d'information portant sur la création, à La Patrie, d'une piste pour les véhicules hors route (VHR, VTT, Quad), deux promoteurs aux visions divergentes s'entendaient pour instaurer le principe de la prudence dans l'élaboration de ce projet. Fernand Prévost, initiateur de l'entreprise, y allait de la possibilité d'un plan « B et même C » pour en situer définitivement le tracé, tandis que Clermont Domingue, opposant à l'idée de voir le village à la merci des quadistes, souhaitait « trouver des solutions dans le sens du bien commun ». Ces sentiers traverseraient la municipalité de La Patrie, dont une bonne partie dans la zone urbaine. Une centaine de personnes participaient à la rencontre.
L'atmosphère, bien que tendue, s'est avérée propice à l'expression des oppositions reflétées par les propos et les mémoires des villageois. Ils étaient déterminés à détourner du village le trajet des futurs VTT. Une vingtaine de résidents ont, pendant près de 2 heures, porté leurs doléances auprès des conseillers et du maire Jacques Blais. Ce dernier a su assurer le bon déroulement de la soirée.
Gervais Grenier, agent de liaison de la Fédération québécoise des clubs quads (FQCQ), a, dans un premier temps, expliqué le rôle de l'entité et détaillé la réglementation qui régit les utilisateurs de VHR. « Il y a beaucoup de désinformation sur le sujet, je viens remettre les pendules à l'heure », spécifiait-il. Carte à l'appui, il a décrit les quelque 41 km de sentier qui partiraient de Scotstown pour aller joindre le 8e rang de Notre-Dame-des-Bois et, éventuellement, ceux débouchant dans Newport et Cookshire-Eaton.
Les patrouilleurs de la Sûreté du Québec, détachement du Haut-Saint-François, Philippe Benoît et Yves Perron, ont répondu à quelques questions. Ils ont mentionné que les VTT n'ont pas le droit de circuler sur les voies publiques, mais qu'il y a tolérance en l'absence de plaintes. « La Sûreté peut vous arrêter sur la route, même en l'absence de sentiers », rappelait cependant l'agent Benoît.
Chantal Prévost, conseillère de la municipalité, a lu au nom des élus, le règlement 73-13 qui régira pour une année seulement le passage des VTT. Le projet trouvera sa forme définitive après que le ministère des Transports du Québec l'aura accepté. Mais faut-il auparavant que le conseil l'adopte le 4 juin prochain! Notons que ce document stipule que les quadistes pourront, entre autres, circuler de 7 h à 23 h, qu'ils seront contraints à respecter, selon le cas, des vitesses de 30 ou 50 km. Un intervenant faisait judicieusement remarquer que dans la définition de tracés 4-saisons, les sentiers seront fermés au temps du dégel et de la chasse.
Succinctement, l'opposition portait sur les nuisances induites par le passage des visiteurs dans le village même. Protection de la quiétude et de l'environnement, bruit, vitesse, horaire, danger d'accidents en l'absence de trottoirs, proximité de lieux publics, croisement hasardeux avec des routes principales et autres ont été répétés.
Plusieurs ont fait part de leurs doutes sur les retombées économiques que généreraient ces visiteurs. L'apport pécuniaire des quadistes entrerait en conflit avec celui pressenti par les tenants d'un tourisme écologique et scientifique déjà mesuré par des données provenant, entre autres, du parc du Mont-Mégantic. Les deux vocations seraient conflictuelles selon eux.
Un propos cependant ralliait promoteurs et opposants, il faut trouver un moyen de redynamiser l'économie lapatrienne et le tourisme en fait grandement partie.
Une poche d'opposition
À Notre-Dame-des-Bois, une réunion portant sur un projet de sentier pour VTT s'est aussi tenue, à laquelle participaient quelque 120 personnes. Le but des promoteurs de joindre le tracé de La Patrie dans le rang 8 a rencontré une opposition presque unanime de la part des résidents de cette route et de ceux du chemin de l'Église. Jean-Louis Gobeil, maire de la municipalité, mentionnait qu'il respecterait la volonté des opposants. Au conseil, il demandera aux élus de s'opposer au projet. « Je n'irai pas à l'encontre de la volonté des résidents de ce secteur, un des plus peuplés du village. Par contre, si les promoteurs proposaient un tracé semblable à celui de la motoneige, je pense que la population ne s'opposerait plus », prévoyait-il.