par Jean-Claude VÉZINA et Pierre HÉBERT
Le libéral Ghislain Bolduc vient d'obtenir le mandat de représenter la population du vaste territoire du comté de Mégantic, au Parlement de Québec. Cette responsabilité, il la reçoit de la part de 9 946 votants, soit 35,09 % de gens qui se sont déplacés pour concrétiser leur choix après 35 jours d'une intense campagne électorale.
M. Bolduc a devancé la candidate du Parti Québécois, Gloriane Blais, par 1 099 voix alors qu'elle obtenait la faveur de 8 847 électeurs soit 31,22 %. Raymonde Lapointe, qui représentait la Coalition Avenir Québec, un tout nouveau parti politique, a récolté 7 260 voix pour un pourcentage de 25,62 %. William Leclerc-Bellavance, de Québec solidaire, a amassé 1 531 suffrages alors que le candidat de l'Option nationale, Jasmin Roy-Rouleau, cumulait 473 voix.
Vainqueur
Entouré de chauds partisans, M. Bolduc était heureux de constater, vers les 22 h 30, qu'il était élu. Mentionnons qu'il succède à Johanne Gonthier qui avait remis sa démission après un malaise cardiaque. Madeleine Bélanger, ex-députée libérale et mère de Johanne, rappelait, entre autres, que cette élection était la suite logique de 31 ans de présence ininterrompue des libéraux dans la région.
Déjà bien au courant des dossiers régionaux du fait de ses nombreuses obligations à titre de maire, de président du CLD et autres, M. Bolduc entend défendre les intérêts de ses concitoyens. À partir de sa longue expérience dans le privé, il se dit capable de travailler dans un milieu qu'il qualifie de complexe. «Je peux me fier à la vieille garde libérale du comté pour m'aider», fait-il remarquer, lorgnant du côté des deux ex-députées.
M. Bolduc annonce ses positions. «En chambre, Pauline Marois, première ministre élue, est attendue. Mme Marois devra prouver son pouvoir. Il est diminué en étant minoritaire. Si elle veut sabrer la loi 12, lancer le référendum ou s'attaquer au dossier de la gratuité scolaire, elle va rencontrer de l'opposition», déclare-t-il. Malgré tout, il est ouvert à la discussion. «Ce n'est pas mon idée qui est la meilleure et qui doit primer. Les opinions diverses bien discutées mènent aux bonnes solutions», complète-t-il.
Lui-même producteur forestier et proche d'amis qui pratiquent l'agriculture, il entend promouvoir la diversification de la production. «Je veux favoriser, entre autres, l'innovation et la diversification de l'industrie forestière en aiguillant les producteurs et les transformateurs vers la 2e et la 3e transformation».
Lors de la campagne, il avoue avoir passé plus de temps dans la MRC du Haut-Saint-François qu'il connait moins. «J'y ai découvert des entreprises et gens créateurs». Le dossier de l'aéroport lui tient particulièrement à cœur. «C'est une valeur fondamentale», reconnaît-il. Poursuivant sur sa lancée, il veut favoriser le partenariat entre les personnes, les élus et les entrepreneurs. «J'apprécie voir des municipalités qui se prennent en main. Je souhaite réunir tout le monde pour faire grandir le comté».
Malgré l'euphorie de la soirée, la déception de voir Jean Charest, battu à Sherbrooke, a laissé dans l'air un relent d'insatisfaction. «Jean Charest ne mérite pas ce qui lui arrive», commente-t-il. «Il a été pour moi un bon mentor. Tout compte fait, ces élections sont une victoire morale», faisant allusion aux sondages contredits par le fort pourcentage de votes en faveur des libéraux.
Un peu étourdi par la campagne et ses résultats, il s'est adressé à Mme Gonthier. «Qu'est-ce qu'on fait au lendemain d'une victoire?», lui a--t-il demandé candidement. Elle lui a suggéré de se reposer et que, par la suite, le caucus du parti se chargerait de le guider dans les dédales de l'arène politique.
Gloriane Blais
Évidemment déçue du résultat, les premiers mots de la candidate du Parti Québécois, Gloriane Blais, au soir de l'élection, étaient de féliciter le nouveau député, Ghislain Bolduc. Sereine dans la défaite, Mme Blais mentionne «je n'ai rien pris pour acquis. Mes espoirs sont mesurés. C'est triste, mais quand tu prends des risques, il faut que tu sois capable de «dealer» avec et de vivre avec les conséquences».
Invitée à commenter selon elle, les raisons de sa défaite, Mme Blais préfère laisser cet aspect aux analystes politiques. «Moi je sens que c'est mission accomplie. J'ai fait ce que j'avais à faire et je n'ai négligé rien». Interrogée à savoir quelle défaite était la plus pénible, la candidate péquiste parle de la première en raison de son inexpérience de l'époque et des attentes qui étaient peut-être élevées. Quant à son avenir politique, il est évidemment tôt pour en parler, mais Mme Blais disait avoir l'impression de vouloir «laisser les autres continuer la démarche. Je vais travailler sur d'autres aspects de ma vie», de conclure la candidate originaire de La Patrie.
Raymonde Lapointe
Malgré sa troisième position, la représentante de la Coalition Avenir Québec, Raymonde Lapointe, était fière du nombre de voix obtenues. «Je suis arrivée à presque 30 %. Je trouve que c'est très bon. Je suis satisfaite. Je faisais face à une grosse machine libérale implantée depuis 31 ans. Je pense que le candidat n'a pas plus de mérite que moi. Ici (dans Mégantic), il y a une tradition libérale et le gars a bénéficié de la machine libérale. Moi, je partais de zéro». Soulignant à la candidate défaite que la durée de vie d'un gouvernement minoritaire était en moyenne de 18 mois et si elle serait intéressée à tenter de nouveau l'expérience, Mme Lapointe n'a pas daigné s'avancer quant à son avenir politique. «Il est trop tôt, on va laisser retomber la poussière».
William Leclerc-Bellavance
William Leclerc-Bellavance, candidat de Québec solidaire, rappelle que son but se traduit dans son désir de faire sa place en politique active. «Je n'abandonne pas maintenant; j'aimerais rester actif en politique en attendant une prochaine occasion de faire valoir mes idées», confie-t-il. Il s'est dit heureux d'avoir doublé les votes au profit de Québec solidaire dans Mégantic.