Dimanche
après-midi. Dame Nature daigne nous octroyer quelques heures de
temps moins incertain. Elle est fine, quand même!
On
en profite pour marcher un brin. Détour par la bibliothèque
municipale, puis, au retour, la piste autour du lac des Nations.
C'est magnifique, quand même, ce paysage-là, non? Les arbres qui
gagnent en maturité, les aménagements paysagers bien ancrés dans
le décor, bref, c'est une bien belle piste.
Et
il y a du monde. Beaucoup de monde. En marchant, on s'est même
demandé si le fait que cette piste existe n'était pas un puissant
incitatif à la marche. Autrement dit, est-ce qu'autant de gens
marcheraient, en ce dimanche, si la piste n'existait pas. Je sais
bien, la question est hypothétique, mais bon.
Au
moment d'enjamber le petit pont, juste vis-à-vis le belvédère et
le jet d'eau au milieu du lac, j'ai eu une petite crainte...
J'ai eu peur que la guérison ne soit pas faite. J'avais d'abord
cru que c'était incurable, mais j'avais repris espoir lentement.
Mais là, en ce dimanche après-midi, je n'étais plus sûr...
Guéris
de quoi, me demandez-vous?
De
l'irritation permanente de notre gros nerf, bordel! Il y a à peine
deux ans, c'était incroyable de voir les gens à roulettes
(patins, planches, vélos...) s'exaspérer à haute voix et à
grands coups de soupirs haineux contre les piétons.
« Tasse-toé,
chus pressé, je relaxe! »
Notre
rythme effréné de vie nous pousse à nous dépêcher à tout faire.
Relaxer étant une chose qu'on fait, on se presse de la faire!
Ridicule, vous me direz! Contre-productif, soulignerez-vous! Je sais
tout ça, mais c'est comme ça. Comme les cas de rage au volant
dans lesquels des imbéciles sont prêts à arracher la tête de
quiconque ne fait pas tout à fait comme il le voudrait.
Mais
revenons à la piste cyclable, en ce beau dimanche après-midi. Il y
a du monde. Il y a des pêcheurs accoudés à la rampe de sécurité
du pont. Des petites familles, des jeunes et moins jeunes qui font
leurs premiers pas sur
roulettes pendant que le petit dernier d'une jeune famille fait ses
premiers tout court, bien tenu par sa maman.
Il
en reste encore un peu d'impatients, mais moins.
J'avais
trouvé tellement ridicule qu'on déclare la piste autour du lac
« secteur zen »,
il y a quelques années... Pas que l'idée ou le concept soient
mauvais, nenon! Mais parce qu'il a fallu un règlement pour gérer
les nerfs des gens! Vous imaginez? On est rendu là, collectivement :
sans règlement, on ne sait pas se tenir!
En
route, on a pris quelques instants pour jaser avec nos amis, Richard
et Jean. Ils étaient installés au bord de la piste, assis sur le
muret de ciment. La bonne humeur était au rendez-vous. Ils avaient
chacun leur chien en laisse. Jean me dit qu'il a dû ramasser les
numéros deux laissés
par d'autres chiens avant lui. Pas de gaieté de cœur, mais par
esprit civil. Il traîne toujours des sacs supplémentaires. « Tu
sais, ramasser la m... des autres, c'est poche, mais ça valait
mieux que de laisser cela traîner... »
Il
y a un règlement pour ça, pourtant, j'imagine! Et pourtant,
certains passent outre. Imaginez sans règlements!
À
bien y penser, je réalise que le comportement plus calme des gens
autour du lac des Nations est encourageant en soi : c'est la
théorie des petits pas. On identifie un problème, on réagit et,
lentement, les mœurs changent.
En
terminant cette marche dominicale, je me suis dit que cette théorie
des petits pas pourrait bien s'appliquer à la corruption, au
manque de respect de l'environnement et aux problèmes sociaux qui
nous affligent. En fait, je me dis que c'est possible de faire
changer les mentalités, lentement, quand on intervient correctement
et qu'on se donne du temps.
Ça
aura pris quelques années, mais les gens ont reconnu la piste autour
du lac des Nations pour ce qu'elle est : une piste où on peut
marcher, flâner, jaser, prendre l'air sans se faire imposer un
rythme et sans, de l'autre côté, nuire à celui ou celle qui veut
aller plus vite.
On
aura appris, un peu, à relaxer, ce qui est un comportement assez
rare, de nos jours...
J'avoue,
cela dit, que l'esprit tordu en moi s'est demandé s'il y avait
eu des irrégularités dignes d'une Commission Charbonneau dans les
millions de dollars investis autour du lac des Nations. La réponse
que je me suis faite? « Relaxe, regarde le lac s'il est
beau... C'est dimanche, relaxe! »
Clin
d'œil de la semaine
Une
promenade avec son chien, ça, c'est la vie! Mais sans respect, la
vie, c'est de la marde!