Ma
chanson va changer le monde!
Ce n'est
pas mon affirmation, c'est plutôt le titre d'une émission radio animée par
Catherine Perrin sur Radio-Canada. Le sujet du jour : les chansons de paix
et de fraternité. Grand sujet, quand même!
Quand on
mélange l'art chanté et la paix et la fraternité, on se rend vite compte qu'un
puissant agent liant est nécessaire pour que le gâteau lève : la naïveté.
Je vais
plus loin et j'affirme : la naïveté est nécessaire dans nos vies. Point.
La
naïveté n'est pas niaise et « débilisante ».
Pas du tout.
En fait,
elle a des vertus très vigoureuses. Elle permet de porter un œil plus idéal sur
une situation alors que, sans naïveté, le regard se heurte constamment sur les
obstacles autour.
Quand Lennon a composé : « All
we are saying is give peace a chance! » (tout ce que nous disons,
c'est : donnez sa chance à la paix!), il y avait nécessairement une grande
part de naïveté.
Mais
cette approche un peu naïve fait du bien. Elle peut même nous raccommoder avec
le possible quand on croit qu'il nous a quittés définitivement.
La
naïveté dans le regard qu'on a sur les situations nous permet aussi de
constater les autrement incontournables : « non,
ben, t'sais, ça peut pas parce que... » qui tuent toute vision dans
l'œuf.
En plus,
cette saine naïveté, quand elle est judicieusement soutenue par une mélodie
simple et accrocheuse, crée une vague de chaleur intérieure qui donne de
l'énergie, de l'espoir. Qui permet de chanter un air à l'unisson. De porter un
message serein, tous ensemble. De croire, l'espoir d'un lumineux instant, que
la paix est possible.
Thérapeutiquement
parlant, je dirais que c'est aidant ! En tous les cas, je ne bouderai pas mon
plaisir à ce niveau, certain!
Toute
naïveté n'est pas saine pour autant!
À la
maison, nous sommes assez adeptes de l'émission Zone Économie. L'autre soir,
une assez longue entrevue entre deux personnes aux intérêts opposés m'a interpelé
grandement. D'un côté, Daniel Boyer, de la FTQ et de l'autre, Karl Blackburn du
Conseil du patronat.
Boyer
défendait, entre autres, la notion de salaire minimum à 18 $. Blackburn,
évidemment, était contre.
Jusque-là,
rien de nouveau sous le soleil.
Sauf
que.
M. Blackburn
avait choisi d'arborer un mi-sourire un peu paternaliste, limite infantilisant.
Du genre : « oui, oui, mon grand, je t'entends
bien, mais, un jour, tu arriveras dans la réalité et tu comprendras ce qui se
passe! »
Un
mi-sourire qui ne l'a pas quitté de toute l'entrevue.
Mais ses
arguments sont graves : le salaire minimum répond à des ratios établis. Et
le Québec fournit des programmes sociaux pour pallier ce qui manque. « Lorsqu'on vient
ajouter les différents programmes sociaux, les différents programmes pour
soutenir les familles à faibles revenus, le revenu disponible pour ces ménages,
le Québec se classe premier au Canada. Ce n'est pas vrai qu'on est les plus
pauvres de la fédération canadienne », affirme-t-il.
Ce n'est pas
sain de constater que quelqu'un qui gagne le salaire minimum et travaille 40 h/semaine
a besoin de programmes sociaux pour boucler chaque fin de mois. Ce n'est pas
sain non plus de constater avec un sourire calme que le modèle économique gère
nos vies au point de défier ses propres fondements philosophiques.
Je suis troublé
par cette entrevue.
Je veux bien
être assez naïf pour croire que la paix et la fraternité se peuvent, même si...
Mais c'est de
l'aveuglement volontaire de nier que le modèle économique basé sur la
perpétuelle performance fonctionne bien de nos jours.
Clin d'œil de la
semaine
« Je viens pour une aide sociale. »
« Parfait. Vous avez votre preuve de travail de
40 heures par semaine ? »
« Oui »
« Bon. Voici des coupons pour l'épicerie... »