L'histoire du décès d'une jeune mère témoin de Jéhovah fait énormément jaser depuis quelques jours. Est-ce qu'un refus de traitement au nom d'une religion a sa place dans une société laïque comme la nôtre ? EstriePlus a rencontré à ce propos le professeur Robert Kouri, de la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke.
Éloise Dupuis, 26 ans, aurait refusé une transfusion sanguine nécessaire à la suite de son accouchement, en raison de ses croyances religieuses. Elle serait morte d'une hémorragie interne quelques jours après avoir donné naissance à son enfant.
D'emblée, le professeur Kouri souligne qu'au Canada, une personne adulte jouit à ce niveau d'une liberté reconnue par la Charte des droits et libertés. Il faudra cependant attendre les conclusions du coroner, à savoir si la jeune femme avait signé un avis qui indiquait son refus de recevoir une transfusion sanguine et si son consentement a été fait de façon éclairée.
«Si la dame a réellement signé une carte qui indiquait son refus de transfusions sanguines, le coroner doit vérifier si ce refus signé représentait encore sa vision des choses aujourd'hui», précise M. Kouri.
Au nom d'un dieu?
La tante d'Éloise a souligné dans les médias avoir porté plainte à la police. La dame est catégorique; les proches d'Éloise l'ont regardé mourir.
Mais comment, dans une société laïque, une situation de la sorte peut-elle survenir? «La décision revient à la personne, même dans le cadre d'une société laïque, répond M. Kouri. C'est un droit acquis pour une personne majeure. Lorsqu'il peut y avoir des contestations, c'est par rapport aux mineurs.»
Les Québécois ont été nombreux à réagir face à ce décès. «L'événement a touché les gens parce qu'on parle ici d'une jeune femme et d'un enfant qui se retrouve sans mère. De plus, il est question de religion. Par contre, s' il est démontré que la dame a pris cette décision de façon éclairée, la loi ne peut rien y faire, même si des proches sont en désaccords avec cette décision. Je vais faire une analogie forcée, mais c'est un peu comme les soins de fin de vie ou l'avortement.»
Cette semaine, le ministre Barrette a indiqué que le système actuel assurait un consentement éclairé. «Est-ce que le système offre présentement aux médecins d'avoir une conversation éclairée avec leurs patients? La réponse est oui», a affirmé le ministre de la Santé.