Même si les noyades sont en baisse en Estrie et au Québec, il n'en demeure pas moins qu'elles sont toujours de trop. La plupart d'entre elles sont évitables, d'où l'importance de la prévention, et de la désignation d'un sauveteur. Des écoles la région de Sherbrooke ont déjà emboîté le pas dans l'enseignement de la natation aux enfants.
« C'est clair que globalement, au Québec, le nombre de noyades diminue, explique Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage. En 30 ans, on est passé de 200 noyades par année au Québec à un peu plus de 70 », ajoute-t-il. En Estrie, la situation nage dans le même sens : six noyades en 2012, et deux en 2016, pour le moment.
Malgré cette baisse, l'objectif de la Société de sauvetage demeure la prévention. « C'est vraiment notre objectif année après année, explique M. Hawkins. Même s'il y en avait juste une, ce serait une de trop. On sait que la plupart d'entre elles sont évitables au Québec. C'est clair que dans le dossier des piscines résidentielles, on va toujours insister sur l'aménagement sécuritaire », illustre-t-il.
Chez les enfants, les noyades sont causées par l'accessibilité alors que chez les adultes, c'est souvent la veste de flottaison qui est remise en question. « Pour les enfants, c'est l'accessibilité qui semble le facteur déterminant, peu importe, le plan d'eau, précise le directeur général. Chez les adultes, l'un des principaux facteurs, c'est le fait de ne pas porter correctement ou du tout la veste de flottaison, et ce, huit fois sur dix. On parle de 20 décès liés à l'eau de plaisance au Québec. Et 40 % des noyades chez les adultes sont liées à la consommation d'alcool. On n'a donc pas le même sens de l'équilibre à bord d'une embarcation, pas le même sens de discernement », rappelle-t-il.
Une présence dans l'eau en tout temps
Les noyades peuvent être évitées par le simple fait qu'un adulte ou personne responsable soit dans l'eau avec les enfants.
« Il faut prendre le temps de dire à l'enfant : quand tu veux te baigner, c'est avec papa ou maman, insiste M. Hawkins. Il faut créer une routine. On ne laisserait pas les enfants jouer dans la rue sans la supervision d'un adulte, c'est la même chose pour l'eau. Il faut avoir un sauveteur désigné. Une personne responsable, dont le mandat est de surveiller constamment les enfants, et ce, peu importe leur âge. Parce que la noyade chez un enfant, ça prend de 10 à 15 secondes. La plupart du temps, on n'est pas en mesure de reconnaître les signes d'une noyade. C'est un mandat de se baigner. À partir du moment où il y a de bonnes habiletés de natation, on pourra avoir un mandat de surveillance en position assise ou debout », estime-t-il.
Les piscines résidentielles peuvent être aménagées pour éviter les noyades. En effet, que ce soit par une clôture, des pentures et loquets, une échelle à portière ou fermeture automatique, et la liste s'étire encore longuement depuis la mise en place de la réglementation en 2010.
« Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on vient contrôler l'accessibilité, indique M. Hawkins. Toutefois, est-ce qu'on doit ceinturer les lacs par exemple ? La réponse est nécessairement non. Notre objectif de la Société de sauvetage n'est pas de venir ceinturer tous les cours d'eau au Québec, soyons clairs de ce côté-là. Mais, j'ai plus tendance à parler de l'encadrement sécuritaire. Ce qui veut dire d'éduquer nos enfants dès le moment où ils apprennent à marcher. On les éduque bien par rapport à la rue, mais on ne fait pas la même chose sur le bord d'un plan d'eau ou propriétaire d'une piscine résidentielle », remarque-t-il.
Dans les prochains jours, le ministre de l'Éducation fera une annonce concernant le projet pilote Nager pour survivre. Rappelons que ce programme vise à prévenir la noyade. « Ça fait plusieurs années qu'on pilote le programme Nager pour survivre, note le directeur général. Je vais laisser la nouvelle au ministre de l'Éducation, qui devrait faire une annonce au cours des prochaines journées, mais il reste que plusieurs écoles intègrent déjà l'enseignement de la natation. L'Organisation mondiale de la santé a recommandé à ses Nations membres d'inculquer l'enseignement de la natation, de la sécurité et du RCR à même le cursus scolaire. On s'en va dans cette direction-là », conclut-il.