Avant d'aller en Sardaigne, Robert et moi n'avions jamais entendu parler
des nuraghes. Nous séjournons un mois sur cette île, la deuxième plus grande de
l'Italie, après la Sicile. Nous la visiterons du nord au sud et de l'est à l'ouest
et irons à la recherche des nuraghes.
Le nuraghe typique (qu'il faut prononcer nouragé)
ressemble, de l'extérieur, à une tour médiévale et à l'intérieur à une tholos (construction
de forme circulaire en Grèce). Cette tour ronde a la forme d'un cône tronqué et
s'associe à la culture nuragique, apparue entre 1900 et 730 ans avant
J.-C.
On ne connait pas grand-chose de la civilisation nuragique. Elle ne connaissait
pas l'écriture. Par contre, les puits sacrés qui ont été construits ne semblent
pas être réalisables sans de solides connaissances mathématiques. D'autres
prônent que cette civilisation connaissait très bien l'écriture, mais qu'elle a
gardé ses secrets pour ne pas les partager avec les envahisseurs... Mystère de
la Sardaigne.
Nous avons donc décidé de visiter un grand nombre de nuraghes sur l'île. Il y
aurait plus de 7000 de ces structures extraordinaires. Elles sont situées loin
des plages de la Sardaigne, donc au centre de l'île, sur une distance de
200 kilomètres. Partons à la recherche de ces lieux suggestifs et
mystérieux.
Parfois les nuraghes sont regroupés et d'autres fois ils sont isolés. Même avec
de bons livres nous indiquant où on peut les retrouver, on doit parfois marcher
dans les champs pendant des kilomètres en suivant des indications. Portez de bonnes
espadrilles, car les sentiers ne sont pas toujours bien définis.
Dans l'ensemble, les constructions sont robustes : un nuraghe tient debout
simplement grâce au poids de ses pierres, qui peuvent représenter plusieurs
tonnes. Certains nuraghes atteignent jusqu'à 20 mètres de hauteur. Si vous
avez la chance d'entrer à l'intérieur, vous y verrez souvent un escalier en
spirale construit seulement avec de la pierre.
Nous nous sommes rendus au sud de l'île pour visiter le plus bel exemple de
nuraghe. Il se nomme Su Nuraxi De Barumini
et est classé Patrimoine mondial. Ce nuraghe illustre très bien l'ensemble des
conditions politiques et sociales dont pouvait disposer une communauté
préhistorique insulaire. Il fallait être très inventif pour construire ces
tours et innovateurs quant aux techniques d'utilisation des matériaux disponibles.
Autour des groupements de nuraghes, des villages formés de petites maisons se
sont construits et sont encore habités à ce jour.
Depuis des siècles, des bergers et des paysans vivent au sein de ces
communautés. À quoi pouvait bien servir ces nuraghes ? Des constructions
défensives? des forteresses? des temples? Ce dont nous sommes certains, c'est
que les Sardes sont très fiers d'être les descendants de cette mystérieuse
civilisation.
Nous avons souvent remarqué que les nuraghes étaient situés dans des endroits
stratégiques, comme au sommet d'une colline, ce qui aurait permis aux habitants
de s'en servir comme d'une tour de guet. Nous en avons vu également qui étaient
constitués de plusieurs tours reliées par un mur, comme dans une forteresse,
autour d'une cour et d'une sorte de donjon central.
Nous avons passé plusieurs jours de nos vacances en Sardaigne à chercher des
nuraghes et parfois à ne pas en trouver. C'est impossible de visiter cette île
et de ne pas s'y attarder. Ce vécu préhistorique fait partie de son histoire et
même encore après plusieurs siècles d'existence, ces constructions restent un mystère
que les Sardes tiennent à préserver.
Dans une prochaine chronique, je vous parlerai des maisons où nous avons dormi
lors de nos périples sur les nuraghes. Jamais nous n'aurions pu croire que
cette île appartienne à l'Italie.
On retrouve également des nuraghes en Corse. C'est vrai qu'il n'y a que
14 kilomètres en mer entre ces deux îles et que toutes les deux ont des
passés très mouvementés.
Bonne semaine et au plaisir de savoir que vous aimez visiter avec nous notre
Monde.