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La carte électorale ne fait pas l’unanimité dans Rock-Fo-St-Élie-Deauville

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Photo : Pourquoi une partie des électeurs de Sherbrooke doivent voter dans Richmond? Voilà une question qui revenait souvent sur les réseaux sociaux au cours de la campagne électorale, même si cette situation date de 2011.
Cynthia Dubé Par Cynthia Dubé
cdube@estrieplus.com
Mercredi le 3 octobre 2018

Pourquoi une partie des électeurs de Sherbrooke doivent voter dans Richmond? Voilà une question qui revenait souvent sur les réseaux sociaux au cours de la campagne électorale, même si cette situation date de 2011. Et est-ce que les résultats auraient été différents si tous les résidents de Sherbrooke avaient pu voter dans leur propre ville? Estrieplus.com s'est entretenu à ce propos avec Isabelle Lacroix, directrice à l'École de politique appliquée et professeure agrégée à la Faculté des lettres et des sciences humaines à l'Université de Sherbrooke.

Le critère numéro un pour définir une carte électorale au Québec est le nombre d'électeurs, explique d'emblée Isabelle Lacroix. « Il faut que le nombre d'électeurs soit à peu près pareil dans chacune des circonscriptions électorales. Mais c'est ce qui fait que, généralement, ça ne représente pas exactement les limites d'une municipalité. Dès que nous sortons des très grands centres urbains, on est obligé d'étendre grandement les circonscriptions pour avoir un nombre d'électeurs assez important, contrairement à l'île de Montréal, où les comtés sont beaucoup plus petits en territoires car il y a beaucoup plus d'électeurs. »

Le critère numéro deux pour définir une carte électorale est de mettre dans une même circonscription des zones avec une proximité géographique. Ceci n'assure pas cependant la proximité socioculturelle, indique Mme Lacroix. Par exemple, Richmond et Sherbrooke. Depuis 2011, lors d'une nouvelle refonte, une partie de la ville de Sherbrooke a été ajoutée à la circonscription de Richmond, soit Rock-Forest-Saint-Élie-Deauville. Cet arrondissement de Sherbrooke est donc représenté par un député qui s'occupe aussi d'Asbestos, Danville, Ulverton et Windsor, entre autres.

« Dans le cas de Richmond, depuis plusieurs années on entend cette insatisfaction; c'est-à-dire que la réalité de Rock-Forest est bien différente de celle de Windsor ou d'Asbestos, indique Mme Lacroix. Et il n'y aucun doute là-dessus. D'ailleurs, ce n'est pas évident pour la ou le député qui doit représenter tous ces gens. Ça peut devenir très tiraillant et ça rend le rôle de représentation encore plus complexe pour cette personne », explique Mme Lacroix.

Dans ce cas-ci, Richmond a porté les couleurs du Parti libéral (Yvon Vallières) pendant près de 40 ans, même lors de l'ajout de l'arrondissement de Rock-Forest-Saint-Élie-Deauville (Karine Vallières 2012 à 2018). Mme Vallières, qui a choisi de ne pas se représenter aux récentes élections, a laissé sa place à la candidate Annie Godbout. Lundi, les électeurs dans Richmond ont fait tourner le vent en choisissant le caquiste André Bachand pour les représenter. La candidate libérale arrivait en 2e place, suivi de Véronique Vigneault (PQ) et de Colombe Landry (QS).

Dans Sherbrooke, le vent a aussi tourné, mais pas du même côté. Le libéral Luc Fortin a perdu son siège aux mains de Christine Labrie, de Québec Solidaire. M. Fortin arrivait en 2e position, suivi de Bruno Vachon (CAQ) et de Guillaume Rousseau (PQ). Le tableau est donc bien différent.

Mais est-ce que le découpage peut être influent? En d'autres mots, est-ce que le vote dans Sherbrooke aurait été différent avec les votes des électeurs de Rock-Forest-Saint-Élie Deauville? Certainement, selon la professeure Isabelle Lacroix.

« Dans les dernières années, Richmond et Sherbrooke portaient les couleurs du parti libéral et le découpage facilitait peut-être cette réalité. Pour l'élection de lundi dernier, remportée à Sherbrooke par Québec Solidaire, le découpage a certainement joué aussi sur les résultats. Par exemple, si on agrandissait la circonscription de Sherbrooke, alors la colline universitaire et sa population perdraient de son poids relatif. À priori, ça aurait pu favoriser et les libéraux et la CAQ. À savoir lequel de Luc Fortin ou de Bruno Vachon serait rentré, ce n'est pas clair. Mais ça aurait probablement dilué le vote de Québec Solidaire. Par contre, le découpage électoral n'a pas été téléguidé par Québec Solidaire! », soutient la professeure.

Mme Lacroix précise aussi que certains électeurs votent pour le candidat et non le parti, ce qui peut aussi nuancer ses propos concernant le candidat qui aurait probablement été élu. « Le candidat en tant que tel a toujours un impact, mais c'est un impact plutôt limité. Il faut préciser aussi que le redécoupage de la carte électorale n'aurait pas le même impact que la modification du mode de scrutin. »

Des enjeux différents?

La conseillère municipale Annie Godbout, candidate libérale défaite dans Richmond, indique avoir constaté pendant la campagne électorale qu'il y a un réel manque en ce qui a trait au sentiment d'appartenance, de la part des électeurs de Sherbrooke qui doivent voter dans Richmond.

« Je l'ai vécu et je peux dire qu'au niveau de la perception, nous ne sommes pas vraiment associés à Sherbrooke puisqu'on porte le nom de Richmond. Par exemple, lors de ma visite chez Domtar, à Windsor, certains citoyens de l'arrondissement de Rock-Forest-Saint-Élie-Deauville disaient qu'il n'était pas nécessaire de connaitre mon programme puisqu'ils votaient dans Sherbrooke. Ils ne savaient donc pas qu'ils étaient dans le comté de Richmond. »

Mme Godbout ajoute que des démarches ont déjà été faites pour revoir la nouvelle carte électorale en place depuis six ans, ou du moins revoir le nom du comté. « Au cours de son dernier mandat, Karine Vallières a fait des démarches pour faire changer le nom du comté de Richmond, mais ça n'a pas fonctionné. C'est qu'il y a très peu de sentiment d'appartenance. La situation est semblable aussi pour les électeurs du comté de Val Saint-François, dont une partie se retrouve dans le comté de Mégantic, une autre dans Johnson et une autre dans Saint-François. Ce n'est pas évident. Les enjeux sont différents d'une municipalité à l'autre. »

Certains citoyens déplorent aussi la situation en raison des enjeux différents, c'est le cas d'Annie Faucher, qui habite à Deauville, travaille au centre-ville, et s'implique énormément dans le milieu des affaires et du dynamisme du centro. « C'est clair que je me sens plus concernée dans des dossiers comme le transport collectif à Deauville, géré par Sherbrooke, que par le quota laitier des producteurs de Danville! Je trouve aussi qu'il serait plus approprié de revoir la carte pour le député qui doit gérer en ce moment autant des problématiques en milieu rural qu'en milieu urbain. Il s'agit de dossiers tellement différents. »

Guillaume Belhumeur, qui habite dans Rock Forest, est d'accord également. « Je pense que lorsqu'un comté inclus une partie d'une grande ville, le territoire du reste du comté devrait se trouver le plus près possible de ladite ville. Il ne devrait pas s'étirer à plus de 30 minutes de route. C'est assez simple de comprendre que la réalité des gens de Rock-Forest, par exemple, n'est pas la même que celle de gens qui habitent à une heure de chez nous, comme par exemple à Asbestos. Les enjeux sont complètement différents. Mais nous ne sommes pas les seuls à trouver le tout aberrant: la ville de Drummondville en est un autre bon exemple, étant coupée en deux au boulevard St-Joseph. J'ai de la famille là-bas et certains sont dans le comté de Johnson, allant jusqu'à Acton Vale, et d'autres dans le comté de Drummond-Bois-Francs, s'étirant jusqu'à Ham-Nord. Ceci n'aucun sens », conclut M. Belhumeur.

Rappelons qu'on compte 125 circonscriptions au Québec. L'application de cette partie de la Loi électorale est assurée par la Commission de la représentation électorale (CRE). La carte est revue toujours en fonction des mouvements de populations.

 


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