Prévue au mois de décembre dernier, la phase III du
vaccin candidat contre le SRAS-CoV-2 de Medicago débutera finalement en avril. Bien
que la deuxième phase ne soit toujours pas terminée, ayant les évidences de
sécurité nécessaires obtenues, Santé Canada a donné le feu vert à la société
biopharmaceutique.
Pour cette étape, la firme québécoise compte faire une
évaluation sur 30 000 candidats au sein de ses différents établissements
dans le monde. Ainsi, dix pays participeront aux travaux. À Sherbrooke, Q&T
Recherche vise 50 participants.
Lors de la première phase, l'entreprise a travaillé avec un
petit groupe afin de définir la dose efficace. Pour ce qui est de la deuxième,
elle a délimité la dose efficace pour comprendre ses évidences de sécurité.
Enfin, dans les prochaines semaines, ayant trouvé la dose efficace et les
paramètres de sécurité définie, elle sera en mesure d'évaluer les risques au
sein d'une grande participation.
En d'autres mots, Medicago évaluera les effets secondaires
de son produit. Pour le moment, avec le petit échantillonnage, aucun risque
sérieux n'est associé au médicament. Cette étude durera le temps nécessaire
pour dénicher l'information recherchée. Selon le directeur général chez Q&T
Recherche, Pierre Gervais, cela prendra entre quatre à six mois.
« Les résultats préliminaires de la phase I confirment que
les participants ayant reçu le vaccin expérimental contenant un adjuvant ont
développé une forte réponse immunitaire après deux doses. Les données positives
des essais cliniques de phase I et II ont permis de mieux définir la dose
à utiliser dans le futur, soit 3,75 microgrammes comparativement à 7,5 et
15 microgrammes. Une plus petite dose est un avantage important pour
maximiser la production de vaccins. De plus, le vaccin candidat est utilisé à
une température de 2 et 8 °C utilisant ainsi des plages de température
facilement accessibles », mentionne le pharmacien.
Risque
Tel que mentionné au cours des dernières semaines, le vaccin
d'AstraZeneca peut provoquer chez certaines personnes des problèmes sanguins.
Cependant, selon les chiffres de M. Gervais, cet épisode sérieux
surviendrait seulement une fois sur un demi-million de doses. Ce dernier croit
donc que ce risque est un bénéfice acceptable.
« C'est une évaluation d'un risque acceptable qui est fait
ici. C'est comme avec mon automobile. Lorsque je prends le volant, il y a un
risque d'un événement sérieux qui peut arriver au 30 000 kilomètres. Si
cela était un risque plus élevé, il serait immédiatement enlevé », assure M. Gervais.
Ainsi, la troisième phase permettra de vérifier les risques
possibles avec le vaccin Medicago puisque, actuellement, cette donnée est
manquante. La firme québécoise aura un meilleur estimé lorsqu'elle atteindra
les 30 000 participants prévus. Bien que ce nombre soit petit selon M. Gervais,
le travail sera tout de même colossal pour les prochaines semaines. D'ailleurs,
il ajoute que l'estimation sera bien ciblée avec ces travaux.
Nécessité?
Plusieurs se demandent la nécessité de travailler sur un
vaccin alors que la majorité des Canadiens seront vaccinés. Effectivement,
lorsqu'il sera sur le marché, 75 % des gens auront eu leur dose. Le directeur
général chez Q&T Recherche indique toutefois que le virus sera toujours en
circulation.
« On aura ainsi une variété. De plus, avoir un vaccin qu'on
est capable de produire au Canada sans être dépendant de ce qui arrive ailleurs
sera un avantage supplémentaire. Actuellement, on est dépendant des autres »,
explique-t-il.
Fondée à Québec, où elle emploie 300 personnes,
Medicago appartient depuis 2013 à la firme japonaise Mitsubishi Tanabe Pharma.
Contrairement aux entreprises pharmaceutiques, Medicago a développé une approche
lui permettant de fabriquer des protéines pseudo-virales à l'aide des plantes.
Une fois inoculées, ces protéines imitent le virus, amenant le système
immunitaire à fabriquer des défenses contre le véritable virus.
Pour participer à l'étude clinique du vaccin Medicago, il
est possible de s'inscrire en se dirigeant sur le site internet du centre de
recherche clinique : https://www.qtrecherche.com/tudes-cliniques-en-recrutement.
L'entreprise sollicite la participation d'adultes en bonne santé et intéressés
à participer à ce projet clinique comportant deux vaccinations, cinq visites,
et un suivi de la réponse immunitaire pendant un an.
« La période de recrutement est estimée à 6 semaines.
Tout est sujet à modifications si le nombre de participants n'est pas atteint »,
ajoute Karine côté, la directrice au développement des affaires.
Autre épisode viral
Selon M. Gervais, il est certain que la COVID-19 n'est
pas la dernière pandémie dont les êtres humains seront confrontés. Spécifiant
que le territoire est protégé par l'armée, il suggère qu'un investissement
supplémentaire doit être fait pour que le Canada soit en mesure de défendre ses
limites virales.
« Avec la pression que l'on met sur notre environnement,
c'est certain que ça va arriver de nouveau. On doit faire attention à notre
environnement et se préparer pour le prochain virus », lance-t-il.
Ayant conscience que la nature contient des virus pouvant
nuire à l'être humain, il croit qu'il est temps de construire des usines qui
soient en mesure de produire des vaccins. Tout cela afin d'être prêt pour la
prochaine épidémie, bien qu'il ne le souhaite pas, inévitable.