Ce n'est pas tous les jours qu'on peut revenir 12 000 ans en arrière et revivre les us et coutumes de l'époque. Pourtant, le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke (MNSS) parviendra à créer cette expérience auprès de ses visiteurs avec des fragments de flèche, des outils ou bien des souliers de travailleurs retrouvés au fil du temps.
Le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke célèbrera les 50 ans d'archéologie du Québec lors des quatre prochains mois avec son exposition : Fragments d'humanité. Archéologie du Québec. Il s'agit de la première grande exposition entièrement consacrée à l'archéologie québécoise avec quelque 200 pièces illustrant 12 000 ans d'histoire.
Réalisée par la cité d'archéologie et d'histoire de Montréal Pointe-à-Callière, cette exposition replongera les visiteurs dans les us et coutumes de l'époque à travers quatre zones : histoire millénaire ou archéologie préhistorique, terre d'échanges et de commerce, chroniques du quotidien et histoires englouties. Que ce soit depuis les outils de travailleurs vers le 16e, 17e ou 18e siècle jusqu'à la tragédie de l'Empress of Ireland en 1914. La première pièce exposée est un fragment de pointe de flèche avec son éclat de cannelure trouvé en Estrie sur le site Cliche-Rancourt.
« Ce qui est intéressant selon l'archéologue Claude Chapdelaine, qui a chapeauté l'équipe ayant trouvé l'artefact, c'est que la personne qui a fabriqué cette pointe a subi un échec, indique Élisabeth Côté, chargée de projet aux expositions à Pointe-à-Callière. C'est pour cette raison que la pointe s'est brisée et qu'elle a été abandonnée sur le site. C'est grâce à cela que les archéologues ont pu découvrir cet objet qui a été fabriqué sur place. C'est très touchant. »
L'ensemble des objets présentés au Musée de la nature et des sciences illustrent les résultats des fouilles archéologiques réalisées sur plus de 10 000 sites répartis sur tout le territoire du Québec. « Plusieurs pièces proviennent surtout des collections de la Réserve d'archéologie du ministère de la Culture et des Communications, indique Michelle Bélanger, directrice générale du MNSS. L'ordre est chronologique, donc on y va vraiment par époque et ce qui est intéressant, c'est qu'il y a des pièces qui n'avaient pas encore été présentées. Chaque objet nous parle et provoque des discussions. »
La Kruger riche en histoire
La région de l'Estrie possède plusieurs trésors cachés de la préhistoire amérindienne sur une centaine de sites intéressants pour des fouilles archéologiques. Parmi ceux-là, on retrouve la Kruger de Brompton. Au mois d'août, la deuxième phase du projet triennal se mettra en branle pour continuer de diffuser le patrimoine québécois.
« On travaille sur ce site depuis 2013, explique Éric Graillon, archéologue et éducateur au MNSS. La particularité de l'Estrie, c'est qu'on est au sud. Il y a environ 12 000 ans, après la fonte des glaciers et que le territoire du Québec se soit dégagé, des Amérindiens ont commencé à faire des petites excursions ici dans le secteur du Lac-Mégantic pour venir chasser le caribou par exemple. »
« Plus tard, d'autres Amérindiens de l'ouest sont venus occuper le bassin de la rivière Saint-François de manière plus significative, ajoute-t-il. Ils ont donc développé une plus grande connaissance des ressources. Du côté de Brompton, on a découvert différents types de pointe de flèche à retouche parallèle avec un enlèvement plus mince et plus étroit. »
Afin de continuer de trouver des réponses quant au site de la Kruger, M. Graillon continuera de travailler avec son équipe. Une chose semble de plus en plus plausible, c'est que les trouvailles seront fort probablement liées du côté américain puisque la matière venait principalement de cet endroit.