Le suivi des analyses de l'eau du Lac des Nations expose une dégradation inquiétante de sa qualité depuis quelques années. Dès cet été, la Ville de Sherbrooke tentera de comprendre ce qui se passe dans le plan d'eau situé en plein centre-ville.
Une cote D a été attribuée au Lac des Nations en début de semaine, indiquant que les analyses ont révélé la présence de plus de 200 unités de coliformes fécaux par 100 millilitres d'eau. Les coliformes fécaux sont de source animales et humaines.
En juin et juillet 2015, l'indice était resté en deçà du 200. La problématique s'est toutefois révélée plus importante en août. La semaine dernière, l'eau a obtenu des cotes C et une cote D.
« La mauvaise qualité de l'eau n'est pas une nouvelle en soi, affirme Chantal Pelchat, chargée de projets en environnement à la Ville de Sherbrooke. On fait le suivi de la qualité de l'eau de la rivière Magog depuis une dizaine d'années et des échantillons sont prélevés à l'entrée et à la sortie du Lac des Nations. Cet été, l'échantillonnage sera plus soutenu, effectué du lundi au jeudi au lieu de deux jours par semaine. »
Connaître le comment du pourquoi
Mme Pelchat espère que la surveillance accrue du plan d'eau permettra de comprendre les causes de la dégradation de la qualité de l'eau.
« Actuellement, on n'a pas la connaissance appropriée du site. On sait que la qualité diminue entre autres après de fortes pluies. On ajoutera donc des stations d'échantillonnage près des ouvrages de surverse pour comprendre quand se produisent les débordements et leur durée. »
Une modélisation des courants de la rivière Magog et du Lac des Nations sera mise au point au cours des prochaines semaines par l'Université de Sherbrooke. Cet outil permettra notamment de voir vers où l'eau se dirige.
« On sait que les années ne se ressemblent pas et que la qualité de l'eau varie en fonction de plusieurs facteurs. L'important, c'est de comprendre ce qui se passe pour éventuellement arriver à une politique de suspension des activités qui serait adaptée au Lac des Nations. »
Cette année, la suspension sera calquée aux fermetures de la plage du parc Lucien-Blanchard. À cet endroit, la Ville dispose des connaissances nécessaires pour ne plus avoir besoin d'échantillonner. En effet, l'eau obtient régulièrement une cote A et on sait que 24 heures suffisent pour permettre la réouverture de la plage à la suite d'une forte pluie, affirme Mme Pelchat.
« Nous sommes en mode solution. Les chiens effaroucheurs d'oiseaux se promènent déjà autour du lac, la revégétalisation se poursuit et on pourrait ajouter des clôtures pour que le pourtour du Lac soit moins invitant pour les oiseaux aquatiques. Aussi, chaque fois que la Ville fait des travaux qui impliquent les conduites d'eau, on s'assure de séparer les conduites d'aqueduc du réseau pluvial et on corrige les raccordements inversés. Tant que cette opération ne sera pas terminée, il y aura toujours un peu de contamination. »
Une situation unique au Québec
Un autre travail devra être conduit avec la direction de santé publique de l'Estrie et les gens du l'École de ski nautique Jean-Perreault, qui utilise le Lac des Nations comme terrain de jeu depuis des décennies.
« Il faudra connaître le degré d'exposition des usagers pour, à l'aide d'un questionnaire, savoir s'ils s'immergent complètement ou si c'est une partie du corps seulement qui entre dans l'eau. Ces connaissances-là doivent être acquises. La démarche est unique au Québec parce que le site est exceptionnel. Ce ne sont pas toutes les villes qui tiennent des activités de ski nautique en plein centre-ville! », rappelle Chantal Pelchat.
Dès cet été, les activités du l'École de ski nautique seront suspendues lorsque la qualité de l'eau se fera attribuer une cote D.