Maintenant que les restrictions commencent à être levées pour plusieurs secteurs de l'économie, la recherche de main d'œuvre a également repris son cours pour les employeurs. Les agences de recrutement et de placement de travailleurs qui les aident à trouver, ont aussi eu à faire des ajustements pour poursuivre leurs activités.
Patricia Aubry est consultante chez Inacre Conseil de Sherbrooke, une agence spécialisée dans le recrutement et chasse de tête, ainsi que dans la consultation ressources humaines. Comme pour plusieurs autres entreprises, de nouvelles façons de faire ce sont imposées d'elle-même pour éviter l'interruption de services. « Je suis en télétravail depuis le tout début du confinement. Pour les recruteurs c'est plus facile parce qu'on peut rejoindre les candidats chez eux; ça n'a pas trop alourdi le processus. On a quand même beaucoup de gens qui ont été coupés avec la COVID. On a des postes que l'on avait annoncé qui ont été annulés par nos clients (employeurs) », explique Mme Aubry.
Avec la crise le taux d'emploi a drastiquement chuté au cours des dernières semaines, ramenant les statistiques à nivaux vus dans des années antérieures. Cela n'empêche pas Inacre Conseil de continuer à recruter de la main d'œuvre. « Il y a eu un revirement; au cours des deux dernières années, on avait plus de demandes de clients que de candidats disponibles. Là c'est l'inverse qui se produit. On a toujours eu des mandats pour les entreprises qui étaient considérées comme services essentiels par exemple. Mais on faisait quand même beaucoup d'entrevues pour monter nos banques et être prêts quand ça va repartir. »
Même si plusieurs d'entre eux ont dû mettre les nouvelles embauches sur la glace, l'agence continue d'accompagner dans leurs démarches, les employeurs qui poursuivent leurs activités. « Toutes les entrevues virtuelles on les fait avec les clients; il faut les ‘'coacher'' puisqu'il y en a qui n'ont jamais utilisé cette méthode-là, les candidats non plus d'ailleurs. En général, la première entrevue se fait virtuellement; la deuxième se fait sur les lieux, parce qu'évidemment tu ne peux pas offrir un poste à quelqu'un qui n'a pas visité l'endroit », fait valoir Patricia Aubry. Elle précise que toutes les précautions et directives de la santé publique sont appliquées par les parties pour assurer la sécurité de tous.
Mme Aubry dit remarquer une certaine reprise des embauches depuis deux semaines mais avance que cette crise aura probablement des effets durables sur le marché de l'emploi. « Ça va rester comme ça un petit bout je pense. Les entreprises n'ouvriront pas tous les postes dans la prochaine année. Je dirais que le marché va redevenir favorable d'ici au moins un an. À ce moment-là les entreprises vont avoir plus de choix. Ce qui n'était pas le cas avant la crise. Dans les deux dernières années, en 48 heures si tu n'avais pas fait une offre à un candidat, tu l'avais perdu. Ce sont les candidats qui avaient le choix; là je crois que l'on va atteindre un certain équilibre. »
La pandémie offre aussi aux chercheurs d'emploi l'opportunité de réévaluer leur rapport au travail. « J'ai quelques candidats qui me disaient que leur façon de voir le travail a changé aussi, en réalisant que c'est plaisant d'avoir du temps. Je pense que les employeurs vont devoir s'adapter au fait que les candidats vont vouloir avoir une meilleure qualité de vie », selon Mme Aubry. Une preuve de plus que cette ‘'pause'' apportera assurément son lot de changements pour les années à venir.
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