Il y a moins d'un mois, la formation
The Grand Illusion rendait hommage à Styx au Vieux Clocher de Magog. En avril,
le Théâtre Granada faisait honneur au répertoire de Pink Floyd en accueillant
le groupe Brit Floyd. Le week-end prochain, The Politiks reprendra les grands
succès de Coldplay au Cabaret Eastman. Et le public, lui, semble plutôt s'y
plaire.
« C'est super intéressant pour
les spectateurs de venir voir un groupe hommage, lâche Jean-Pierre Beaudoin. Ils
savent à quoi s'attendre. Quand tu vas voir un hommage à Led Zeppelin, tu sais
que tu vas entendre du Led Zep. Tu vas entendre tes hits, tes meilleures
chansons. »
À la tête des Productions du
Palais, entreprise qu'il a fondée en 1998, l'homme d'affaires s'occupe de la
programmation du Cabaret Eastman. Il y présente bon nombre de formations
hommage. Un peu comme il le faisait à l'époque du Café du Palais à Sherbrooke.
« On avait commencé les mercredis
hommage dans les années 1990, se souvient celui qui assure aussi la direction
générale de la Fête du Lac des Nations depuis plusieurs années. On a exploité
ce créneau pendant une dizaine d'années. Dans ce temps-là, c'était mal vu par
les autres salles de spectacle. »
Mal vu, peut-être, mais pas suffisamment
pour que le producteur abandonne son idée. « Après tout, on était là pour
vendre des tickets de show et de la
bière. Et ça marchait! » lance-t-il simplement.
Ancré dans le temps
Le président-fondateur de la Montreal Talent Agency, Ron Langlois, est
aussi très bien placé pour témoigner de la popularité des groupes hommage.
Voilà près de 20 ans qu'il engage ces artistes à la demande de ses clients,
qu'ils proviennent du réseau des festivals, du circuit des bars ou du milieu
corporatif.
Le bar Chez Maurice à Saint-Lazare
fait partie du lot. « Il doit présenter entre 20 et 25 shows hommage par année et c'est
toujours plein! » assure-t-il.
L'homme d'affaires gère également
la carrière de Joshua2, groupe qui reprend les grands classiques de U2. Il ne
s'étonne pas que ses protégés remportent beaucoup de succès.
« Des groupes comme U2, les
Rolling Stones ou Led Zeppelin, c'est ancré dans le temps. On va toujours
danser sur du Kiss dans les mariages. »
Aux dires de Jean-Pierre
Beaudoin, ce grand enthousiasme pour les groupes hommage n'empêche en rien le
public d'assister à des spectacles originaux.
Moins de rigueur
Bien que les formations hommage
aient la cote, tout n'est pas rose pour autant. La compétition que se livrent
les bars, qui veulent sans cesse offrir un coût d'entrée moindre, et la multiplication
des groupes hommage ont un impact considérable, analyse Ron Langlois.
« Quand tu te retrouves avec
quatre ou cinq groupes hommage à AC/DC, ça fait baisser les conditions et les
cachets. Si un client me demande un hommage à Metallica et que je lui propose AlcoholicA
à 2500 $, il peut se tourner de bord et trouver un autre band de l'Ontario sur Google qui va
descendre pour 1500 $», cite-t-il en exemple.
Résultat? La qualité n'est pas toujours
au rendez-vous.
« Aujourd'hui, c'est trop lousse. Si tu rends hommage à Led Zeppelin,
arrange-toi pour que ton chanteur chante comme Robert Plant et que ton
guitariste ait une guitare à deux manches, comme Jimmy Page. Si tu rends
hommage à Johnny Cash, fais-lui honneur, ne lui fais pas de tort », lâche
Ron Langlois, d'un ton convaincu.
L'agent d'artistes se désole
également de constater que les hommages ne soient plus réservés aux formations
musicales au riche passé. Une opinion que partage son bon ami, Jean-Pierre
Beaudoin.
« Du U2, je peux comprendre parce
que ce n'est pas tout le monde qui peut aller les voir. Par contre, je pense
que les hommages, ça devrait être pour les groupes qui n'existent plus ou pour
les méga bands. Un hommage aux Respectables,
ça n'a aucun sens. »