Il est tôt et aujourd'hui, mon meilleur ami et moi avons décidé de grimper!
Ici depuis quelques heures, nous avons déjà installé le nécessaire pour nous assurer que nous reviendrons tous deux en un seul morceau à la fin de la journée. Une corde est reliée au sommet par un dispositif d'assurage et redescend vers mon ami qui tiendra le rôle d'assureur pour mon ascension et ensuite, ce sera mon tour.
J'ouvre mon sac, car tout le nécessaire y est pour affronter le mur de roches. J'enfile mes chaussures d'escalade et pendant que je les attache, bien serré, j'en profite pour jeter un coup d'œil tout autour et comme à chaque fois, je m'émerveille de ce que je vois.
J'observe encore cette paroi, qui doit faire plus de cent pieds et me dis : voilà un beau défi!
Je fouille dans le sac, sors mon baudrier et l'enfile pour ensuite l'ajuster entre mes cuisses, puis à ma taille. Je prends la poche de magnésie, que j'installe sur ma ceinture, et avance vers la paroi.
Je souris à mon ami, qui me fait un signe de tête pour m'indiquer qu'il est prêt. J'attrape l'extrémité de la corde et prends le temps d'effectuer un nœud en huit parfait. Prenant une grande inspiration, je mets un peu de magnésie sur mes mains et commence mon ascension. Je regarde un peu plus haut et une série naturelle de prises semble se dessiner à ma droite. J'essaierai de rester sous mon système d'assurage. Ainsi, si jamais je perds mes ancrages, je ne serai pas ballotée de gauche à droite comme un pendule.
Je monte lentement en prenant bien soin d'assécher mes mains avec la poudre blanche. Comme il est tôt, la paroi est encore humide et ce n'est définitivement pas l'idéal, mes chaussures glissent à tout moment.
Tous mes muscles travaillent et mon cerveau analyse mon ascension le plus précisément possible. L'escalade est un sport très complet : elle sollicite les mains, les bras, les jambes et le tronc, ainsi que des aptitudes mentales importantes. C'est très demandant.
Je progresse en gérant mon centre de gravité. Je reste près de la paroi et garde l'axe de mes appuis. Aussi, je reste prudent en maintenant en permanence mes trois points d'attache, retirant une prise à la fois pour me faire grimper plus haut. J'utilise la force de mes jambes pour me soulever et ainsi limiter l'effort de mes mains et de mes bras. Tout va bien, mon couloir regorge de fissures, ce qui facilite mon ascension.
Regardant plus haut, je constate que je suis déjà au mi-parcours et, insérant mes doigts dans une nouvelle fissure, j'écarte une jambe vers le haut pour atteindre un autre point d'ancrage tout près de ma taille. Ensuite, je pousse sur cette même jambe pour me monter et atteindre ainsi un autre point d'ancrage avec mon autre main. À la manière d'un insecte, je progresse sur cette surface verticale. L'air est chargé d'humidité, mais sous la chaleur, le surplus d'eau accumulé s'évapore un peu partout. La paroi est de plus en plus sèche et mes souliers ne glissent presque plus. Je respire lentement et me concentre sur mes mouvements. Le temps n'a aucune importance. Quand je monte, j'oublie tout le reste.
Chaque fois que je franchis une hauteur supplémentaire, la corde qui m'assure devient plus détendue et se retend de nouveau. Mon ami en bas me laisse toujours un peu de jeu et ne tend jamais la corde entièrement.
Après un certain moment, une certaine fatigue s'est installée dans mes doigts, mes bras, et mes jambes. Je sens mon dos et mes abdos tendus. Je dois rester très prudent; il n'est pas question que je perde mes points d'ancrage à cause d'une faiblesse et que je tombe. Je relève la tête vers la crête et aperçois mon système de sécurité un peu vers ma gauche.
Je vais y arriver!
Après quelques minutes supplémentaires de progression, j'arrive enfin au sommet! Lorsque je pose les mains sur le haut de la crête, je me remonte sur le dessus et regarde devant.
Magnifique!
Pour infos supplémentaires : vertige-escalade.com