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«L’empathie devrait être une priorité en médecine»

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Photo : Charles-Antoine Barbeau-Meunier a participé à un colloque sur l'empathie à Chicoutimi cette semaine (crédit photo: Michel Caron, Université de Sherbrooke).
Vincent Lambert Par Vincent Lambert
vlambert@estrieplus.com
Vendredi le 11 mai 2018

Étudiant à la Faculté de médecine et des sciences de la santé à l'Université de Sherbrooke, Charles-Antoine Barbeau-Meunier a récemment porté une réflexion sur l'effritement de l'empathie dans les soins de santé. Selon lui, le rôle des émotions est parfois trop négligé et c'est ce qui est à la source du problème.

Aujourd'hui, la question de l'humanisation figure parmi de nombreuses discussions en médecine. Mais ne devrait-elle pas être la base des soins de santé? C'est d'ailleurs ce que se pose comme question Charles-Antoine Barbeau-Meunier, étudiant à la Faculté de médecine et des sciences de la santé à l'Université de Sherbrooke, qui a récemment participé à un colloque sur l'empathie à Chicoutimi.

Après avoir réalisé un mémoire de maîtrise sur l'empathie dans un contexte de crise écologique lorsqu'il étudiait les sciences sociales, Charles-Antoine Barbeau-Meunier a transporté ce bagage avec lui dans ses études en médecine.

« Avec tout ce qui est sorti dans les médias, dans mon environnement, en plus de tous les témoignages qui m'ont été confiés sur le milieu, j'ai décidé de porter une réflexion et une communication. Le moment était venu de mettre ça de l'avant.»

L'empathie n'a pas de définition universelle. Pour plusieurs, c'est de se mettre dans les souliers de l'autre. Mais il y a plusieurs dimensions qui y sont reliées (émotionnelles, cognitives et comportementales).

« Dans le contexte des soins, la dimension comportementale de l'empathie est importante, précise l'étudiant. C'est en effet la capacité de ressentir, mais aussi de se représenter les états affectifs et mentaux d'autrui et d'y répondre avec cohérence. Au final, si tu te représentes ce que l'autre vie et que tu agis d'une manière complètement incohérente, je ne suis pas certain que c'est de l'empathie. »

Depuis plusieurs années, nombreux patients déplorent l'attitude de certains médecins. Selon l'étudiant en médecine, l'épuisement professionnel y est entre autres pour quelque chose. Un sondage auprès de résidents a révélé que 25 % d'entre eux ne trouvaient aucun sens à leur vie. « Ça, c'est alarmant, souligne-t-il. On parle d'une profession très valorisée initialement. L'empathie est excellente pour le patient, mais aussi pour le soignant. Si l'approche est bousculée à cause d'un horaire et des exigences actuelles, il n'y a pas de satisfaction et ça devient un travail à la chaîne. Certains développent donc un stress chronique qui les empêche d'être empathiques. »

L'absence des émotions dans le milieu

Dans son mémoire sur l'empathie lors d'une crise écologique, Charles-Antoine Barbeau-Meunier a remarqué qu'une composante était souvent trop peu abordée et c'est celle du rôle des émotions.

« Être empathique, c'est réussir à surmonter les émotions d'autrui et prendre une distance pour mettre les choses en contexte, remarque-t-il. Ça demande une qualité d'esprit qu'on ne retrouve pas quand on est en détresse puisqu'on est plus retourné vers soi-même. Le milieu de la santé est malade. Il y a beaucoup de remises en question sur les soins offerts avec le réseau actuel. La réforme mène à l'épuisement. Si dans cet environnement on n'a pas le temps pour apprécier ses émotions et qu'on n'a pas eu le savoir pour le faire, on est pris au dépourvu. »

L'empathie est enseignée en médecine surtout pour sa dimension cognitive de se mettre à la place de l'autre. La dimension émotionnelle est quant à elle peu abordée. À la base, les personnes qui se dirigent en médecine sont souvent parmi les plus empathiques, comme le souligne Charles-Antoine Barbeau-Meunier. Par contre, lorsqu'elles arrivent à leur troisième année en externat, cette qualité chute et c'est ce qui a alarmé la communauté.

« L'empathie n'est pas mise en pratique, c'est ça qui se passe, confirme le jeune homme. Elle devrait être une priorité en médecine. Le potentiel est donc éteint ou inhibé par certaines choses contextuelles. Le contexte est important pour l'empathie. Les professionnels de la santé n'ont donc pas toujours des outils d'intelligence émotionnelle pour prendre conscience de leurs émotions et de leur limite. Le système de santé carbure à la négligence de soi avec trop peu de ressources humaines, de longues heures de travail et une culture où on ne peut pas se confier ou parler de notre vulnérabilité. Les professionnels de la santé se retrouvent donc souvent à jouer le rôle d'un automate. Pour être empathique, il faut du temps et de bonnes conditions. »

Les pistes de solutions

Pour que la situation de l'empathie s'améliore dans les soins de santé, il faudra que les équipes de professionnels aient une meilleure conscience de leurs émotions.

« Le système doit permettre à l'empathie de ne pas seulement être cognitive, indique Charles-Antoine Barbeau-Meunier. Présentement, on est dans des cibles de performance et dans une logique managériale. C'est la logique du système de santé actuel. Il faut améliorer la médecine et ça commence par la reconnaissance des émotions et le partage de celles-ci. De cette façon, on ferait un premier pas vers l'amélioration de l'empathie. »

« Sur les bancs d'école, on nous enseigne à être sensible à l'individu et que la médecine est centrée sur le patient, ajoute-t-il. Quand on arrive dans le milieu clinique, il y a un décalage. On n'a pas toujours l'opportunité de mettre ça en pratique parce que c'est une logique de gestion. Il faudrait que cet effort d'empathie soit aussi appliqué une fois dans le milieu clinique. »

De moins en moins d'étudiants postulent en médecine de famille alors que ce devrait être une priorité. Ils ont cette crainte de s'insérer dans le milieu. « Ce n'est pas de mauvaise volonté, mais quand ils voient le système, ils se disent que ce n'est pas pour ça qu'ils sont allés en médecine. »


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