Les mauvais traitements psychologiques sont la principale cause de l'augmentation significative de signalements à la DPJ. C'est ce qui ressort du bilan des directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ) et directeur provincial 2017-2018.
En 2017-2018 au Québec, on dénombre 9 614 signalements traités, soit une hausse de 5,3 % par rapport à l'an dernier. En Estrie, l'augmentation des signalements traités est encore plus importante, soit de 14 % (5 095 signalements traités).
Les problématiques en hausse sont la négligence et le risque sérieux de négligence, l'abus physique et le risque sérieux d'abus physique, les abus sexuels et les risques sérieux d'abus sexuels, les troubles de comportement, l'abandon, ainsi que les mauvais traitements psychologiques. Cette dernière problématique a connu une hausse importante en 2017-2018. Elle est liée aux conflits qui peuvent survenir lors de la séparation des parents.
« Le message à envoyer à la population, c'est qu'il faut éviter de demander aux enfants de faire des choix déchirants entre un parent ou l'autre, explique Alain Trudel, directeur de la protection de la jeunesse du CIUSSS de l'Estrie CHUS. Il ne faut jamais oublier qu'aux yeux des enfants, leurs deux parents sont équivalents et importants. Je comprends qu'il puisse y avoir des conflits entre adultes, mais il faut toujours se ramener à l'intérêt des enfants. Il ne faut pas hésiter à recourir à des services de médiation pour avoir de l'aide. »
Même s'il ne s'agit pas d'abus physique, les impacts chez les enfants qui sont témoins des conflits de leurs parents peuvent être nombreux, de la dépression jusqu'à des retards sur le développement physique.
Comme partout au Québec, le DPJ doit vivre avec une pénurie de personnel. La liste d'attente est préoccupante et toujours en augmentation. Par contre, on se fait rassurant en ce qui a trait aux cas urgents, comme ceux qui impliquent la sécurité physique de l'enfant.
« Nous sommes dans les délais en ce qui a trait aux cas urgents, souligne M. Trudel. Il y a des moyens qui ont été pris pour engager des surnuméraires, car on tient à augmenter les services. Des efforts sont faits avec les ressources humaines.»
Hommage aux intervenants
Cette année, dans le cadre de son bilan annuel dévoilé ce matin, la direction a tenu à rendre hommage aux intervenants qui, chaque jour, s'assurent du mieux-être des enfants et adolescents.
« Ils font un travail qui semble parfois invisible, indique M. Trudel. Pourtant, leur travail est exigent, remarquable et essentiel. Ils sont témoins de violence, d'injustice, mais ils sont portés par leurs convictions. Ils sont des équilibristes. »
Chaque jour, ils doivent prendre des décisions en fonction de ce qui est bien pour l'enfant, en s'assurant que la sécurité de l'enfant ne soit pas compromise. Ils sont présents pour améliorer le sort d'enfants vulnérables. Ils font de leur métier une réelle vocation.
« Nous offrons des services à des gens qui n'ont pas demandé à être aidés, ce qui peut provoquer des crises, explique Sabrina Houde, éducatrice spécialisée au centre Val-du-Lac. Les jeunes sont en colère de se retrouver dans un centre. C'est une épreuve de plus. On travaille donc à créer avec eux un lien de confiance. Mon grand défi c'est de faire comprendre aux jeunes qu'ils en valent la peine. Mon métier, c'est une vocation qui demande beaucoup de dévouement. »