Le nombre d'inscriptions à la baisse, le Collège du Sacré-Cœur a pris une décision qui changera dorénavant la dynamique de l'école, en ouvrant ses portes aux garçons. Cependant, les classes resteront unisexes; un concept unique en Estrie.
La société évolue et les écoles doivent suivre la cadence. C'est ce qu'ont constaté la direction et le conseil d'administration du Collège Sacré-Cœur, qui ont choisi hier soir de prendre un virage mixte, et ainsi sauver l'école qui existe depuis 73 ans.
« On ne le cache pas, on avait une baisse d'inscriptions, indique Sonia Daoust, directrice générale du Collège du Sacré-Cœur.Plusieurs jeunes filles quittaient au deuxième cycle pour aller vers les écoles mixtes. Pour que notre école soit à son plein potentiel, nous devons avoir 300 élèves, soit deux classes de trente élèves pour chacun des niveaux. Depuis deux ans, nous avons seulement un groupe pour chaque année, ce qui n'est pas suffisant. La fermeture de l'école était aussi une option, c'est clair, mais hier, lors de l'assemblée, les parents ont voté en forte majorité pour ce virage. Il y avait déjà des rumeurs depuis un certain temps et les parents étaient inquiets, mais on s'est aperçu hier qu'ils sont d'accord pour un nouveau projet pédagogique. »
La mixité sera sur l'heure du diner, pendant les récréations et lors de certaines activités. Une fois en classe, les filles se retrouveront entre elles. Idem pour les garçons.
« Il y a plusieurs écoles de Montréal et de Québec qui nous ont servi de modèle où il y a la mixité mais aves classes unisexes, précise la directrice générale. C'est un modèle très en demande. Ce seront des périodes privilégiées dans lesquelles les garçons pourront bouger davantage et apprendre avec des moyens qui répondent davantage à leurs intérêts. Ce sera la même chose pour les filles. »
Puisque la compétition est forte entre les écoles, tant privées que publiques, le Collège du Sacré-Cœur misera sur différentes activités pour les garçons, tels que les arts martiaux, la programmation vidéo, mais surtout le basketball.
« Nous allons développer un programme qui répondra aux besoins des garçons, explique Pierre Rodier, président du conseil d'administration du Collège du Sacré-Cœur. Nous allons mettre l'accent sur le basketball. On aura probablement un entraineur de haut niveau qui se joindra à nous », poursuit M. Rodier, qui rappelle que le Collège Sacré-Cœur est une coopérative de solidarité.
Et qu'en pensent les filles qui fréquentent présentement le Collège? « Elles ont été mis au courant ce matin, indique Mme Daoust. Il y a une énergie très positive qui circule présentement dans l'école. En raison des rumeurs de fermeture qui circulaient depuis un moment, on sentait une certaine insécurité de leur part, mais aujourd'hui l'ambiance est différente. On sent une énergie positive chez les filles. »
Le Mont Notre-Dame, la dernière école unisexe à Sherbrooke
En septembre 2019, seul le Mont Notre-Dame offrira aux filles la possibilité d'être dans une école unisexe. Est-ce que le Collège du Sacré-Cœur pourrait voir quelques-unes de ses élèves quitter pour le Mont Notre-Dame afin de garder la formule unisexe?
« Peut-être, mais on va en gagner d'autres, répond M. Rodier. C'est le pari qu'on fait en innovant et en étant la seule institution à offrir cette option (école mixte avec classes unisexes). Le Collège est passé d'une gestion religieuse, à une gestion laïque et maintenant ce sera une gestion futuriste. »
Du côté du Mont Notre-Dame, pas question de prendre ce virage mixte. Et est-ce une bonne nouvelle pour l'école qui deviendra la seule institution pour filles à Sherbrooke?
« Ça devient effectivement un choix marquant pour les filles qui veulent fréquenter une école de filles. Nous, c'est une offre de service que l'on veut maintenir », répond le directeur général du Mont Notre-Dame, Éric Faucher, qui est aussi président et porte-parole de l'Association des écoles privés de l'Estrie.
À titre de président et porte-parole de l'AEPE, comment explique-t-il le fait que plusieurs écoles privées unisexes ont choisi de faire un virage mixte au fil des années?
« Historiquement, ce sont des écoles de communauté. Mais avec l ‘évolution dans le temps, les écoles qui sont devenues des corporations laïques choisissent de revoir leur mission. Il faut dire aussi que la compétition est très forte et il faut travailler fort pour attirer la clientèle. Je pense cependant que la majorité des écoles privées en Estrie tire leur épingle du jeu sur le marché du secondaire. »