Pour plusieurs personnes, la douleur chronique est une torture et une bataille quotidienne. Il s'agit d'une spirale de douleurs qui représente un grand défi. Les investissements de 8,9 millions $ en recherche au Centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke (CHUS) permettront de trouver une façon d'améliorer la qualité de vie des personnes souffrantes.
Trouver de nouveaux médicaments avec moins d'effets secondaires : voilà le principal objectif de l'équipe du neurophysiologiste Philippe Sarret. Celui qui est aussi professeur-chercheur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke (FMSS) et au Centre de recherche du CHUS bénéficiera de deux subventions totalisant 8,9 millions $ pendant les sept prochaines années pour avancer ses recherches.
La première subvention au montant de 2,1 millions $ provient des Instituts de recherche en santé du Canada tandis que la deuxième a eu la collaboration de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) pour obtenir du matériel de pointe avec un montant de 6,8 millions $. « Ces subventions permettront d'avoir de nouveaux équipements de recherches qui nous permettront d'être à la fine pointe de la technologie. Il faut ouvrir une nouvelle voie du traitement de la douleur », précise le chercheur Philippe Sarret.
« La douleur n'est pas une personne, donc nul n'est censé souffrir. Par contre, il faut comprendre que plusieurs personnes pourraient un jour développer des douleurs chroniques, chose que je ne souhaite pas. La douleur touche 20 % de la population mondiale, c'est énorme. Il faut noter que 80 % des consultations faites aux urgences et près des médecins sont reliées à des douleurs. C'est un phénomène complexe », explique M. Sarret,
Posséder de meilleurs outils
Environ 70 % des gens qui font usage de médicaments pour soulager la douleur chronique n'ont pas les résultats escomptés. En effet, bon nombre de personnes ne sont pas apaisées et plusieurs impacts secondaires sont présents comme la constipation, la dépression respiratoire, la dépendance, et la liste s'étire encore. Le Canada figure d'ailleurs parmi les pays où la consommation des analgésiques est la plus élevée.
Le projet du chercheur Sarret permettra de comprendre davantage la douleur chronique afin de la soulager. « Le financement va nous aider à avancer dans la lutte contre la douleur. On va tenter d'identifier de nouvelles protéines impliquées dans le développement de la douleur chronique. On va comprendre les mécanismes sous-jacents responsables de l'évolution d'une douleur aiguë vers une douleur chronique. On pourra impliquer de nouveaux concepts de la pharmacologie pour développer une nouvelle classe d'analgésiques non morphiniques sans grands effets secondaires », fait valoir M. Sarret.
« Quand on est chercheur, le moment le plus agréable est le temps passé en laboratoire avec les étudiants, car on sait qu'il y aura un impact sur les patients. On essaie de faire en sorte que leur quotidien devienne le plus agréable possible et de leur permettre un répit dans ce combat de tous les jours. C'est un effort collectif qui permettra de développer de meilleurs outils pour contrer la douleur », ajoute M. Sarret.
Pour la patiente et présidente de l'Association québécoise de la douleur chronique, Céline Charbonneau, ces recherches sont très bien accueillies. « Je suis moi-même une personne souffrante de douleurs chroniques depuis 2001. J'ai eu de nombreux cocktails de médicaments. Parfois, j'étais en béquille et parfois, en fauteuil roulant. On ne sait pas où on se rend quand on est dans ce phénomène de problèmes de santé. Il y a une grande insécurité et la douleur chronique est une torture du quotidien. C'est tout un défi et une bataille. La recherche clinique est fondamentale. Les chercheurs ont notre avenir entre leurs mains. Cette recherche est indispensable. Notre avenir en dépend et on remercie les chercheurs », fait-elle valoir.