L'extrémisme violent prend de plus en plus d'expansion dans les quatre coins du monde. Afin de prévenir ce type de radicalisation, l'Université de Sherbrooke, de concert avec l'UQAM et l'Université Concordia, pilotera la Chaire UNESCO dédiée à ce dossier. Il s'agit d'une première mondiale.
Plusieurs endroits dans le monde sont souvent victimes de la montée de l'extrémisme violent et de la radicalisation. Le Sherbrookois et jeune ambassadeur UNESCO Jhon Carvajal est un de ceux qui a été témoin de ce phénomène. Installé à Sherbrooke depuis plus de dix ans, il a fui la Colombie en 2005 en raison d'une guerre qui sévissait dans son village à l'époque.
« Je suis un immigrant réfugié, a-t-il indiqué ce matin devant nombreuses personnes lors de l'annonce de la Chaire UNESCO à l'Université de Sherbrooke. Chaque jour, je suis de plus en plus en amour avec ce paradisiaque pays du Canada. Cependant, mon nom n'est pas né d'un plaisir ou d'un désir de l'aventure. Un grand prix a été payé pour que je me nomme ainsi. »
En effet, lorsqu'il avait quatre ans, Jhon Carvajal a vu sa famille être victime d'un groupe armé colombien. « Il a pris toutes les familles de notre village pour les enfermer à l'église centrale, s'est-il souvenu. Nous avons passé toute la nuit sans rien manger ni boire. Très tôt le lendemain, nous avons constaté que mon père n'était plus là. Après avoir été libérés, nous l'avons cherché pour finalement trouver son corps découpé en onze morceaux. »
« C'est un honneur pour moi d'être un immigrant réfugié parce qu'à chaque fois, je me rappelle le grand prix qui a été payé pour que mes deux pieds marchent sur cette terre, a-t-il ajouté. Aujourd'hui, en tant que jeune ambassadeur UNESCO, c'est pour moi une responsabilité de dire à tous les immigrants réfugiés de ne jamais oublier cette miraculeuse opportunité de vivre dans ce pays. J'encouragerai jusqu'à la fin de mes jours, tous les jeunes immigrants à utiliser leur talent et intelligence pour aider, innover et inspirer. »
C'est entre autres pour ce type d'histoire que la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent (Chaire UNESCO-PRÉV) a été annoncée aujourd'hui au Centre culturel devant plusieurs intervenants du gouvernement du Québec et du Canada. Cette première mondiale sera pilotée par l'Université de Sherbrooke, de concert avec l'UQAM et l'Université Concordia, et en collaboration avec la Commission canadienne pour l'UNESCO.
« Combattre des idées par d'autres idées »
La Chaire UNESCO-PREV, qui est une retombée directe de la Conférence Québec-UNESCO Internet et la radicalisation des jeunes : prévenir, agir et vivre ensemble, aura pour objectif de notamment agir à titre de pôle d'excellence afin de développer, partager et valoriser la recherche et les actions en matière de prévention primaire, secondaire et tertiaire de la radicalisation et de l'extrémisme violent.
Parmi les domaines d'activités qui seront développés par les titulaires de la Chaire David Morin (Université de Sherbrooke), Ghayda Hassan (UQAM) et Vivek Venkatesh (Université Concordia), notons la mise en réseau, l'expertise et la recherche-action, la formation et la sensibilisation.
« L'extrémisme violent n'est pas un phénomène nouveau, a rappelé David Morin, cotitulaire de la Chaire. Il a pris différents visages. Tous ces extrémismes s'alimentent mutuellement. L'extrémisme est parfois violent et terrible dans ses actes. Il est toujours haineux dans ses paroles. Les mots ont une importance capitale. Ce sont ces mots qui rendent souvent possible le passage à l'acte. »
L'un des principaux moyens pour prévenir ce phénomène : l'éducation. « C'est un outil de prévention massive, a admis M. Morin. Elle offre des solutions et d'autres chemins ainsi que renforce la résilience des jeunes dans la société. On peut combattre les armes par les armes et les lois, mais il faut aussi combattre des idées par d'autres idées. Face à l'extrémisme violent, nous avons tous une responsabilité. Nous devons établir un diagnostic et évaluer les pratiques pour guider les politiques et les milieux d'interventions. »
Ce projet de recherche apportera une importante contribution pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable et les réflexions menées sur les enjeux prioritaires de l'UNESCO, a précisé le secrétaire général de la Commission canadienne pour l'UNESCO, Sébastien Goupil. « Les chaires UNESCO sont devenues des acteurs incontournables du système des Nations Unies. Nous sommes fiers d'accueillir dans notre réseau cette nouvelle Chaire au modèle de gouvernance unique réunissant trois grandes universités, une première au Canada et dans le monde. Nous nous réjouissons à l'idée de collaborer avec la Chaire pour contrer la montée de la radicalisation et de l'extrémisme violents au Canada et dans le monde. »
Contribution financière du gouvernement du Québec
Afin de contribuer à la création et aux activités de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent, le gouvernement du Québec a annoncé un soutien financier de 400 000 $ à l'Université de Sherbrooke.
« Le Québec compte des établissements universitaires parmi les plus reconnus au monde, et la Chaire contribuera au positionnement de l'Université de Sherbrooke, a souligné le député de Sherbrooke, Luc Fortin. Dans la région, cette institution joue un rôle essentiel grâce notamment à son dynamisme et à son engagement dans la communauté, qui profite incontestablement à la population de l'Estrie. »
