Bagan est un vaste site archéologique bouddhiste de 50 kilomètres
carrés. Pour se rendre à Bagan, nous avons dû voyager en autobus avec les
locaux. Pour ceux qui avaient acheté leurs billets à l'avance comme nous, nous
avions des sièges ; pour les autres, ils avaient des petits bancs dans l'allée
ou ils restaient debout.
Nous sommes partis de Mandelay, tôt le matin, et le trajet de huit
heures en autobus fut pénible. Les routes sont défoncées, non asphaltées, dans
le sable ou la roche. À certains endroits il n'y avait pas de pont pour
traverser la rivière. On traversait à travers le courant et les roches. Nous
avons fait quatre arrêts biologiques et les toilettes n'étaient pas des plus
propres.
Bagan se trouve dans une zone sismique. La région a connu de nombreux
tremblements de terre qui ont provoqué de graves dégâts à tous les temples. Le
plus important a eu lieu en 1975. Depuis ce dernier séisme, un bon nombre de
monuments ont été restaurés.
Au cours des années 90, une vague de restaurations dirigée par le
gouvernement birman, incluant la construction d'un terrain de golf et d'une
tour d'observation parmi les temples, n'a pas été appréciée par les historiens.
Toutes ces reconstructions ont été financées par les dons des Bouddhistes. Ces
interventions ont empêché l'inscription du site au Patrimoine Mondial de
l'UNESCO.
Bagan est un lieu magique. Il suffit de grimper sur l'un des 2000 temples au
coucher du soleil pour comprendre. Ces temples, pagodes et stûpas ont été
construits entre le 11e et 12e siècle. Les monuments semblent dominer le
paysage. Ils sont de différentes tailles et dans une variété déconcertante de
formes. Ils sont aussi dans des stades de préservation et de délabrement
variables. Certains d'entre eux sont visités par des fidèles et d'autres ne
sont devenus que des tas de briques. Mais peu importe l'heure du jour que vous
visitez Bagan, c'est un vrai choc touristique.
Puisque les temples sont tellement éparpillés dans la région, nous devions
trouver le moyen de transport approprié pour les visiter. Plusieurs moyens sont
disponibles, mais quelques-uns sont énormément dispendieux.
Pour notre première visite, nous avons opté pour le moyen le moins coûteux à
savoir un chariot tiré par un cheval. Nous avons planifié le trajet avec le
conducteur avant le départ et pendant toute la journée il nous a amenés aux
principaux temples que nous avons pu visiter et prendre le temps de photographier
à notre guise. C'est le moyen le moins dispendieux.
Le lendemain, nous avons acheté de Grasshopper
Adventures une ballade en vélo d'environ 20 kilomètres et d'une durée de
huit heures. Le guide nous accompagne à travers les marchés, les temples et des
villages typiques où très peu de touristes vont habituellement.
Les routes du village sont bordées de maisons en bambou. Le long de
notre trajet nous avons vu des enfants dans leur cour d'école, des petits
stands de nourriture devant les portes des maisons, des ménageries de porcs, de
vaches et de chevaux nous saluent le long du chemin. Le coût de cette journée
est de 35$ US par personne et est très plaisante.
Une autre manière de visiter les temples est la promenade en montgolfière. Une
agence reconnue à Bagan est Oriental
Ballooning. Ils ne surchargent pas la nacelle, huit personnes maximum; ce
qui nous permet de mieux profiter du vol. Les guides sont professionnels et
permettent un très bon encadrement. Le paysage de Bagan vu du ciel est
extraordinaire. On plane au-dessus des temples pendant une heure dans une
atmosphère confinant l'irréel. Cette sortie n'est pas donnée : 380$ US par
personne.
Qu'est donc le Bagan d'aujourd'hui ? Très tôt le matin, les fidèles déposent de
la nourriture dans des vases noirs près de leur statue de Bouddha sur le porche
de leur maison. Cette nourriture est dédiée aux Bonzes (prêtres bouddhistes).
Très jeunes, les garçons suivent les rites d'initiation des bonzes. Il
n'y a aucun vœu et ils peuvent à tout moment renoncer à la vie religieuse.
C'est ce qu'ils font pour la plupart une fois qu'ils ont acquis un certain
degré de connaissance.
La vieille ville de Bagan est cernée par des murailles partiellement
préservées. Il y a des salons de thé à plusieurs endroits avec des collations
typiques du pays. Peu importe où l'on va, il est toujours préférable de porter
des vêtements appropriés, c'est-à-dire des pantalons longs ou aux genoux et
avoir les épaules recouvertes.
Un séjour à Bagan
Nous avons séjourné à Bagan pendant cinq jours et notre hôtel était le
Tharabar Gate. Ce sont des bungalows dans des jardins luxuriants, remplis de
plantes tropicales et de bougainvilliers. Chaque bungalow est doté d'une
terrasse et un parquet de marbre. Sommes-nous en Birmanie ?
À notre arrivée, après l'enregistrement, on nous a dirigé vers un taxi
pour nous faire visiter la ville. Le personnel savait qui nous étions. Autre
belle surprise : un grand bol de fruits et des cocktails avaient été déposés
dans notre chambre.
Le premier soir, nous sommes partis à la recherche d'un endroit pour souper
dans le village. Un petit resto local a attiré notre attention. On nous a
invité à s'asseoir et lorsqu'on a demandé le menu, la réponse fut : " Il
n'y a pas de menu, tout le monde mange la même chose ce soir, c'est du Manuka et c'est fête de famille."
Sans trop savoir comment, la table s'est remplie de bouffe BAMI (plat
local ) et de breuvages. Celui qui était responsable de cette fête a pris une
chaise et est venu s'asseoir avec nous. Il s'est présenté : le lieutenant Carmel
Cho Toe, chef de police du district. Il nous a présenté sa femme qui est
écrivain et qui a joint notre table.
Nous avons causé avec lui pendant plus de deux heures, de tout et de rien. La
politique de son pays fut même invoquée. Nous avons été filmés et pris en
photos par plusieurs invités. Trois femmes se tenaient debout près de la table
et aussitôt qu'un plat était vide, on le remplaçait. Le repas nous fut offert
par le lieutenant. Il a dit à Robert, "Si tu as des problèmes dans mon
pays, tu me le fais savoir".
Quelle aventure ! De retour à notre hôtel, des petits gâteaux nous
attendaient dans la chambre. Il y a de ces vécus comme ça en voyage dont tu ne
t'attends pas. Pour revenir au lieutenant de police, nous croyons qu'il a voulu
se rassurer que nous n'étions pas des journalistes à cause de tous les
appareils photos que nous avions.
Durant notre séjour à Bagan, c'était le festival en l'honneur de la Paya Ananda
(festival de la pleine lune dans la plus belle pagode de Bagan : l'Ananda).
Tous les habitants des villages voisins viennent installer leurs items à vendre
dans des petits enclos en bambou tous entassés les uns sur les autres. C'est
une kermesse et la foule est présente du matin au soir. Nous nous sommes
promenés parmi eux et avons trouvé un petit resto végétarien tenu par des Vietnamiens.
Nous avons tellement apprécié que nous y sommes retournés les quatre soirs
suivants.
J'ai eu un gros coup de coeur : je suis tombée en amour avec un vase de 150 ans
chez un antiquaire à Bagan. Je dois dire que lorsque nous sommes allés en
Birmanie il y a trois ans, c'était impossible de retirer de l'argent des
banques et il n'y avait pas de guichets automatiques (ce qui n'est plus le cas).
L'argent liquide nous manquant, j'ai dû faire du troc avec l'antiquaire. Je
suis repartie avec le vase et une bague en or en moins.
Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une autre aventure de notre
Monde.
Lili & Deslo