L'ancienne prison Winter de Sherbrooke pourrait revivre éventuellement, non pas comme pénitencier, mais comme lieu historique. C'est du moins le souhait de la Société d'histoire de Sherbrooke.
Lorsqu'on entre dans l'ancienne prison Winter de Sherbrooke, qui a accueilli des prisonniers pour la première fois en 1869, l'ambiance punitive de l'époque est rapidement ressentie. Des éclairages sombres, petites cellules, barbelées, tout y est pour renouer avec l'histoire de ce pénitencier mis sur pied en 1865. Fermée en 1990 pour des raisons d'insalubrité, la prison Winter était un établissement de droits communs.
« On retrouvait ici des gens qui commettaient des vols, de la fraude et des méfaits publics, explique le directeur général de la Société d'histoire de Sherbrooke, Michel Harnois. Il n'y avait pas de meurtriers même s'il y a eu six pendaisons. Les sentences étaient de deux ans moins une journée. La moyenne était d'environ quatre mois. On retrouve en tout 51 cellules qui accueillaient de 95 à 100 prisonniers », ajoute-t-il.
Unique au Canada, la cour arrière de la prison Winter possède encore ses grands murs de briques et son barbelé. Pour la Société d'histoire de Sherbrooke, l'un de ses objectifs est de conserver ce patrimoine.
« Vivre des émotions en entrant »
Le désir de la Société d'histoire de Sherbrooke est évidemment de conserver ce patrimoine, mais aussi de faire vivre des émotions aux éventuels visiteurs. « Ce patrimoine nous parle et nous raconte des histoires, explique M. Harnois. On veut d'abord et avant tout faire vivre une expérience aux visiteurs. Un lieu comme celui-ci contient toutes les caractéristiques propres que les gens veulent voir : authenticité, l'odeur, la propagation du son, etc. », souligne-t-il.
Selon Statistique Canada, c'est 0,7% de la population canadienne qui a été ou qui est incarcéré, explique M. Harnois. « Ça veut dire que 99,3 % de la population canadienne n'a jamais mis les pieds dans une prison, illustre-t-il. Ce que je me dis, c'est la curiosité de toutes ces personnes-là. Les gens veulent voir comme ça se passe dans une prison. Les derniers prisonniers sont sortis en 1990. On veut rendre cela accessible et montrer aux gens le contexte qui s'y rattache », précise-t-il.
Afin que la prison Winter revive comme lieu historique, des investissements d'un peu plus de 6 M$ seraient nécessaires pour restaurer la bâtisse au complet. « Ce montant nous permettrait de restaurer la bâtisse au complet, du toit jusqu'au sous-sol, note M. Harnois. Ça nous permettrait de le rendre sécuritaire pour les visiteurs ».
L'autre option plus réalisable qui s'offre à la Société d'histoire de Sherbrooke est d'y aller par étape, souligne le directeur général. « C'est ce qui nous semble le plus probable. La première étape nécessiterait environ 1,5 million $ pour rendre accessible le lieu, le restaurer correctement et en faire l'interprétation avec un circuit guidé et immersif », indique-t-il.
Dans un monde idéal, la Société d'histoire souhaiterait mettre sur pied trois circuits lors des visites de la prison : un parcours guidé, interactif et de réalité augmentée. Un parcours d'évasion serait aussi développé.
Même si aucune échéance n'est dévoilée pour faire revivre la prison Winter, la Société de sauvegarde de l'ancienne prison de Sherbrooke est en accord avec l'idée sur la table de la Société d'histoire de Sherbrooke.